« Décidément, les ‘’Porteurs de Pancartes’’ n’ont pas dérangé que le Général De Gaulle »,Par Mbaye-Jacques DIOP)

Qui l’eut cru ? Le 26 Août 1958 ne fut pas seulement un jour passablement dérangeant pour l’homme du 18 Juin 1940, à Dakar ; il fut aussi un jour de grandefrustration pour des apprentis-agitateurs, aujourd’hui vieillissants, mais qui ne digèrent toujours pas de s’être fait voler leur ‘’grand-soir’’.

L’histoire est parfois cruelle.

L’idéologie marxiste, triomphante en ces années-charnières de la loi-cadre et des luttes épiques qui ont précédé les indépendances, nourrissait une ambition hégémonique au point d’en perdre, quelquefois, le sens de la raison.

Ce fut le cas des camarades de feu Mahjmout Diop, qui, à travers le Parti Africain de l’Indépendance (PAI) naissant, (1957), ne furent pas conscients – ou refusaient la réalité – des rapports de force. En effet, le PAI, était embryonnaire, par rapport à la déferlante de l’Union Progressiste Sénégalaise(UPS), parti de masse, fruit de fusions de grands partis qui avaient occupé l’échiquier.

Quels que soient son engagement et son action politiques, dans la longue marche qui a mené à l’affranchissement colonial, en Août 1958, on pouvait, paraphraser Staline faisant allusion au poids du Vatican, dans l’organisation du monde d’après – guerre à la conférence de Yalta : ‘’le Pape, combien de divisions peut-il aligner ? », C’est poser la question sur le nombre des militants du PAI, présents ce jour-là, à la place Protêt.

Engloutis par les vagues successives des militants UPS, infiniment plus nombreux et mieux organisés, avec leurs pancartes et leurs banderoles, visibles de loin, les pauvres colonnes, éparses des manifestants PAI, se distinguaient à peine et leurs vociférations étaient noyées par les slogans qui fusaient des mille et une poitrines MJUPS, section sénégalaise du PRA,tels des rugissements.

Les photos et films de l’époque en témoignent !

On peut, ainsi, parfaitement comprendre que ceux qui ont perdu leurs repaires, ceux qui refusent le verdict de l’histoire, et ne se rendent toujours pas compte que le mur de Berlin est tombé depuis 1989, s’accrochent encore à leurs fantasmes, devant l’évidence des faits.

Tel Don Quichotte contre les moulins à vent, ils se battent contre la réalité, dans leur monde de fiction.

Heureusement que feu Mahjmouth Diop en homme d’honneur qui a, toute sa vie, incarné les valeurs deleader authentique, a tranché, de son vivant, le faux débat que les médiocres, parmi ceux qui se réclament de lui, on voulu poser, en acceptant, en 2006, de s’associer, bien volontiers, à nos cotés, aux commémorations, que nous avions organisées, à l’hôtel de ville de Dakar.

Mahjmouth, lui, en répondant présent à l’invitation des ‘’porteurs de pancartes’’, ne récusait ni maprésidence à la tête des porteurs de pancartes, ni malégitimité à cette présidence.

Bien au contraire, et il a eu des mots chaleureux à mon endroit, car nous étions ensemble au BPS, en1956.

Mais les Ouoloffs ne disent ils pas que : « Buur âyul dagg yâ ây » ?

Les orphelins du marxisme – léninisme, version tropicale, incapables de « virer leur cuti », se veulent les seuls détenteurs de la vérité, et des luttes anticolonialiste et anti-impérialistes, ce qui les amène à nier l’évidence et à se créer un univers tout simplement surréaliste.

En me contestant la qualité de ‘’porteur de pancartes’’, en allant jusqu’à nier ma présence à la place Protêt, à l’accueil du Général De Gaulle,le 26 Août 1958, les frustrés de l’histoire donnent, une fois de plus, raison à Talleyrand qui disait que : « tout ce qui est excessif est dérisoire ».

Croyez vous que le Professeur Abdoulaye Ly, homme de valeur et de principe, intransigeant avec l’histoire, tout comme le Professeur Assane Seck, auraient accepté, en 1994, de parrainer notre association et de m’encourager comme Président, si le plus petit doute planait sur ma personne.

En ma qualité de Secrétaire général à l’organisationet à la propagande du MJUPS, ayant participé au Congrès historique de Cotonou, je ne pouvais pas manquer le rendez vous du 26 Août 1958, dont j’étaisun des principaux organisateurs, avec Amadou Ndéné Ndaw (vivant), Alioune Diop Oumi (vivant), Amadou Racine Ndiaye, Mame Ciré Thiam (vivant) Atoumane Ndiaye, Sanor Diouck (vivant) etc.

S’il est vrai que la majorité de l’UPS, réunie à Rufisque, avait décidé le 19 septembre 1958 de voter oui au referendum du 28 Septembre, je fais partie de ceux qui, à l’aube du 20 Septembre, chez Amadou Gabin Gueye, ont signé le fameux Manifeste du PRA-Sénégal, pour demeurer fidèles aux mots d’ordre du Congrès de Cotonou – voirfac simile la liste des cinquante sept (57) premierssignataires de ce Manifeste, où nous disions : ‘’pour compter de ce jour, 20 Septembre 1958, face aux forces rétrogrades contrôlant l’UPS, face au système colonial rénové. . ., les militants sénégalais du Parti du Regroupement Africain, demeurés fidèles aux positions révolutionnaires que le PRA a eu l’honneur de définir en juillet 1958 à Cotonou, pour que par l’Indépendance immédiate, vive la Nation Fédérale Africaine, Indépendante et socialiste, vive la confédération multinationale des peuples libres et égaux, vivent les Etats Unis d’Afrique’’ Diot sa Rew.

Comment un tel acteur principal peut-il s’absenter ? Non ! Messieurs les communistes repentis, condamnés par l’Histoire. J’ai été très tôt, dès 1952, un militant et un Responsable national des jeunes de mon parti, d’abord au BDS, puis au BPS et enfin à l’UPS. Les faits sont têtus et l’Histoire les accompagne. Car ceux qui mettent en doute ma qualité de porteurde pancartes, que pensent-ils de leur ancien patron du PAI ?

Ils doivent, assurément, avoir une piètre idée de feu le Président Mahjmouth Diop et des membres du bureau de l’Association, qui, tous, seraient des débiles mentaux en acceptant un ‘’usurpateur’’ les manipuler ?

Monsieur Abdoul Aziz Diagne, porte-drapeau, du Samedi 08 Août 2015, de nos contempteurs, a cru devoir m’interpeller, publiquement, alors que la parole m’avait été donnée, lors de la conférence de notre frère Mamadu Lamine Loum, ancien PremierMinistre et mon condisciple à la Faculté des Sciences juridiques et Economiques.

Abdou Aziz Diagne, que je ne connais pas, en intervenant, de façon triviale et abrupte, pour m’interpeller en niant ma participation à l’accueil du 26 Août, confirme, lui également, l’adage qui dit « qu’il vaut mieux se taire et paraitre idiot que parler et montrer ainsi qu’on l’est »

Ma qualité de membre du bureau politique, représentant les jeunes de l’UPS, ayant activement participé, en juillet 1958, au Congrès de Cotonou qui, précisément, avait élaboré les mots d’ordre dits de Cotonou.

‘’Indépendance immédiate,

Nation fédérale africaine

Confédération des peuples libres et égaux’’ . . ., ne souffre d’aucun doute.

Nous sommes encore une petite poignée d’acteurs de l’accueil du 26 Août 1958, auxquels Dieu prête vie. Nous avons cru devoir nous regrouper au sein d’une Association, pour, chaque année, nous souvenir de ce moment exceptionnel dans la lutte de notre peuple pour l’Indépendance.

Si, comme l’écrit la presse, j’ai été amené à ‘’insulter’’ Abdoul Aziz Diagne, à la suite de son impertinence, lui-même et d’autres avant lui, n’ont cessé d’insulter la mémoire de nos camarades de ‘’l’Association des Porteurs de pancartes’’ qui ne sont plus de ce monde ? Avis, donc, aux mercenaires de la plume, aux ‘’tenants du doute, de la hargne et du dénigrement », pour reprendre, opportunément, le Général De Gaulle.

En vérité, ce sont des esprits chagrins, comme le sieur Abdou Aziz Diagne, et Cie qui, depuis la chute du mur, sont ‘’déboussolés’’, qui continuent leurs ‘’combats de l’ombre’’, à défaut de pouvoir réécrire l’Histoire. Au sein de l’association des porteurs de pancartes, les urgences sont ailleurs. Suivant l’école de Gaston Berger,’’ c’est à partir des leçons du passé, qu’il convient de construire un présent de succès riche d’un avenir porteur d’espérances’’.

Le 26 Août, dans l’histoire du Sénégal, est une date à commémorer, qui transcende les petites querelles politiciennes, les considérations subalternes d’appropriation. Les vétérans que nous sommes, ne s’inscrivent pas dans le registre des vaincus de l’histoire, clan auquel appartient, très certainement, un individu comme Abdou Aziz Diagne.

Le diplôme de ‘’Compagnon des porteurs de pancartes’’ n’est-il pas une illustration de l’idée de continuité de l’idéal qui anime l’Association ? La relève est, c’est l’évidence, assurée, pour que le 26 Août 1958, tout comme un certain 14 Juillet1789, en France, soit, pour le Sénégal, une date historique qui participe à notre être et à notre devenir. C’est un tel postulat qui nous anime. Rien d’autre.

Fait à Rufisque, le 11 Août 2015
Le Président Mbaye-Jacques Diop

1 COMMENTAIRE
  • BIG.

    Trop long j'aime pas. carrément

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