La disparition de Kaoutar Boudarraja, à l’âge de 40 ans des suites d’une maladie, a suscité une profonde émotion au Maroc. Son visage et sa voix, familiers à des générations de téléspectateurs, laissent un vide dans le paysage audiovisuel marocain. Comme le souligne La Nouvelle Tribune, son parcours «mêle aussi harmonieusement beauté, éloquence et courage médiatique».
Dès 2007, sa participation remarquée à Star Academy Maghreb avait marqué les esprits. Ce n’était pas seulement son apparence qui avait retenu l’attention, mais surtout son tempérament affirmé et sa liberté de ton, notamment dans un contexte où la parole féminine était souvent limitée dans les médias.
Cette expérience lui a ouvert les portes de Nessma TV, où elle a animé l’émission Interdit aux hommes. Ce programme atypique abordait des thèmes rarement traités à l’écran, bousculant les conventions et stimulant le débat. Son audace et son engagement l’ont rapidement imposée comme une figure majeure du talk-show féminin dans la région.
Ancienne mannequin devenue journaliste puis animatrice, Kaoutar Boudarraja a su opérer une reconversion réussie, sans jamais renier son identité ou atténuer ses propos. Elle a privilégié l’engagement et l’authenticité, incarnant une femme populaire et déterminée, ancrée dans la société maghrébine tout en souhaitant la faire évoluer. Le succès de ses émissions résidait autant dans la qualité de sa présentation que dans sa capacité à exprimer une parole libre et réfléchie sur des sujets tels que le genre, les normes sociales et la liberté d’expression.
La disparition de Kaoutar Boudarraja laisse un vide difficile à combler. Elle n’était pas seulement une animatrice, mais une personnalité médiatique qui savait traduire les tensions de son époque. Pour beaucoup, elle représentait une forme d’audace rare, une télévision qui ne se contentait pas de divertir, mais qui interrogeait, éveillait, et parfois dérangeait.