Contraste d’opinions : Aly Ndiaye Diouf contre Mbaye Diouf sur le regard passéiste de la RTS

Le journaliste Aly Ndiaye Diouf réagit à la contribution de Mbaye Diouf intitulée « RTS: Souvenirs d’un passé glorieux ». Il critique notamment la forme de l’article, soulignant que la liste exhaustive des contributeurs à la Rts, bien que reconnue par respect à la postérité, est trop longue et confuse. Mbaye Diouf classe ces contributeurs en deux groupes distincts, anciens et vedettes, provoquant une perte de clarté pour le lecteur. Aly Ndiaye Diouf affirme que la manière dont Mbaye Diouf a abordé la question laisse à désirer, notamment en raison de la taille excessive de la liste.

In extenso sa tribune

« RTS: Souvenirs d’un passé glorieux ». Tel est le titre d’un article contributif de Mbaye Diouf. Un confrère qui a fait les beaux jours de la boîte comme il se plaît à le rappeler lui-même. La lecture de la contribution nous inspire une réflexion que nous avons cru devoir partager à toutes fins utiles. D’abord du point de vue de la forme, notre confrère dresse une liste quasiment exhaustive d’hommes et de femmes qu’il reconnaît avoir contribué au rayonnement de la Rts. On le lui concède ne serait-ce que par respect à la postérité dont il a fait usage pour exprimer sa pensée. La manière dont il s’y est prêté laisse, toutefois, à désirer.

Nous l’affirmons à haute et intelligible voix. Et pour cause. Dans son attaque, M Diouf cite une centaine de personnes ayant fait les beaux jours de la Rts. En plus de loger à la même enseigne des techniciens, des producteurs extérieurs, des réalisateurs et des journalistes, il les classifie en deux groupes distincts: Un groupe d’anciens et un autre groupe composite qu’il qualifie de vedettes. La taille de la liste est d’une longueur telle que le lecteur le plus attentionné se perd au point de se demander s’il a sous ses yeux un avis de décès ou une liste de personnes admis à un concours. La rigueur journalistique aurait commandé que pour chaque domaine de compétence, un ancien agent soit cité.

À vouloir être exhaustif dans sa liste kilométrique, M Diouf finit par causer la frustration dont les personnes, pourtant émérites, qu’il n’a pas citées se seraient bien passées. Du point de vue du fond de l’article dont la quintessence laisse penser à l’apocalypse à la Rts, il y’a également à redire. Mbaye met en exergue et à juste titre les efforts colossaux déployés par le gouvernement du Sénégal sous la direction éclairée de M Le Président de la République. Toutefois la bonne foi, l’objectivité et l’élévation de reconnaître à César ce qui lui appartient voudraient qu’il soit fait allusion à l’entregent et à l’esprit d’initiatives novatrices du directeur général qui ont constitué un terreau fertile au grand bond en avant fait par la Rts.

Toujours dans le fond, le nostalgique et alarmiste Mbaye Diouf établit une comparaison morbide et malsaine entre les anciens de la Rts et la jeune génération. Oui les journalistes de la Rts maniaient bien la langue française. Pas mieux que leurs jeunes confrères qui ont du talent à revendre. Ils ne sont pas moins méritants que leurs devanciers que beaucoup de jeunes ne connaissent d’ailleurs pas. Bien au contraire, la pluralité médiatique facteur d’une rude concurrence et bien d’autres contingences comme le développement des réseaux sociaux qui fait que chaque citoyen est devenu un journaliste constituent un facteur limitant qui n’enlève en rien leur mérite. D’ailleurs du temps de la Télévision unique, il suffisait de paraître pour être une star.

Mbaye préconise l’implication des anciens de la Rts pour la promotion d’un climat social apaisé. Pourquoi lui-même signataire de l’article ne pouvait-il pas faire preuve de la sagesse propre aux anciens dont il se réclame pour jouer des missions de bons offices pour un rapprochement entre les deux parties d’une manière discrète donc efficace au lieu de l’étaler sur la place publique et de remuer le couteau dans la plaie. N’était-il pas plus judicieux et efficient de conseiller aux dirigeants syndicaux de faire amende honorable, de reconnaître leurs erreurs et de susciter une rencontre d’apaisement avec le directeur qui, à n’en pas douter, sera très emballé de les recevoir pour des discussions fécondes et consensuelles ?

Le Directeur Général de la Rts aurait tort de vouloir s’attribuer une unanimité illusoire. Plaire à tout le monde n’est pas ce qu’on attend de lui. Il lui est juste demandé de créer les conditions optimales de réussite dans le travail pour tous les agents de la Rts afin qu’elle puisse rayonner dans le concert de l’audiovisuel mondial. C’est tout ce qu’on attend d’un Directeur Général digne de nom. Il s’y attelle de fort belle manière comme l’atteste son bilan reluisant. Un ancien de la Rts, brusquement illuminé pour sortir de sa torpeur ne saurait le rendre compressible. Au propre comme au figuré, du point de vue des ressources matérielles et humaines, la Rts est au dessus, bien au dessus du cadre personnel et piètrement passéiste dans lequel Mbaye Diouf veut la confiner. »

Aly Ndiaye Diouf
Journaliste Rts