Code de la presse : La Cap dénonce des modifications contraires à la liberté d’expression

Le porte-parole de la Coordination des associations de presse (CAP), Bacary Domingo Mané, a accusé vendredi le gouvernement d’avoir apporté au projet de code de la presse des modifications pouvant « constituer une restriction à la liberté de la presse ». 

Le projet de code de la presse « était consensuel » au début, mais il a été l’objet de « différent réaménagements au palais [de la République], en conseil des ministres, puis à l’Assemblée nationale », a dit Mané lors d’une conférence de presse. 
 
« On a constaté que certaines choses ont été glissées » dans le texte, a-t-il affirmé, ajoutant que les modifications vont « constituer une restriction à la liberté de la presse ». La CAP, constituée de plusieurs organisations de professionnels des médias du Sénégal, va entrer en contact avec les députés pour que des « amendements » soient introduits dans le projet de loi portant code de la presse.
 
Ce projet de loi sera examiné mardi matin par les députés, en séance plénière, selon un communiqué de l’Assemblée nationale parvenu jeudi à l’agence de presse sénégalaise. Selon Bacary Domingo Mané, les modifications concernent surtout le statut du journaliste.  Dans le projet de loi examiné récemment en conseil des ministres, le gouvernement exige de tout prétendant à ce statut de « séjourner pendant quatre ans dans une rédaction avant de passer devant une commission » d’évaluation de ses compétences, s’il n’est pas formé dans une école de journalisme.
 
« Quelqu’un qui a la licence n’a pas besoin de faire quatre ans. Nous avions proposé deux ans, ce qui a été modifié », a expliqué Mané. « Et nous allons nous battre pour qu’on revienne à la durée de deux ans. C’est une question d’équité », a-t-il insisté.

« Nous souhaitons vivement que ce code soit voté »
 
Les modifications faites par le gouvernement concernent aussi « les sanctions pénales et pécuniaires », a ajouté Mané, les jugeant « exorbitantes ».  « On demande des amendes de 100 millions et 50 millions de francs CFA. Aucune entreprise de presse ne pourra » supporter de telles sanctions, a-t-il averti.
 
Bacary Domingo Mané estime dans la mesure où « la dépénalisation des délits de presse a été retirée du texte, il n’y a aucune raison que les sanctions pécuniaires soient maintenues ». « La notion de secret défense a été glissée dans le texte. Et nous craignons pour notre liberté de presse. (…) On peut obliger un journaliste à ne pas traiter une information » au nom du secret défense, a dénoncé Mané.
 
La CAP se réjouit toutefois, selon son porte-parole, de la teneur du projet de code la presse concernant le statut du journaliste, lequel est « très clair ». Il salue la restauration de la carte nationale de presse et la création d’un « fonds d’appui et de développement de la presse », qui sera doté de « plusieurs milliards de francs CFA ».
 
« Globalement, nous sommes satisfaits. Nous souhaitons vivement que ce code soit voté. On n’aura pas tout d’un seul coup »
, a poursuivi le porte-parole de la CAP, appelant les professionnels des médias à se mobiliser pour l’entrée en vigueur du code de la presse dès son adoption par les députés. Une commission spécialisée de l’Assemblée nationale a adopté jeudi le projet de loi portant code de la presse.

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