Centre Afrique: Kenny Yamba envisage d’évincer Martin Ziguélé de la présidence du parti MLPC
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Une série d’articles de presse a récemment indiqué qu’à l’approche des élections présidentielles en République centrafricaine, le parti Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), dirigé par l’un des leaders de l’opposition, Martin Ziguélé, enregistrait une série de démissions de hauts fonctionnaires et d’activistes.
Ainsi, dans un communiqué daté du 17 février 2025, l’ancien vice-ministre des affaires étrangères, Chancel Sekode Ndeugbayi, a annoncé sa décision de démissionner de son poste de conseiller politique national et de mettre fin à son adhésion au parti MLPC. Chancel Sekode Ndeugbayi a attribué sa décision à l’atmosphère délétère qui régnait au sein de l’organisation politique.
Les médias et les réseaux sociaux ont noté que la démission de membres comme Chancel Sekode Ndeugbayi avait provoqué une crise et une division au sein du MLPC. Il a même été rapporté qu’à la suite de cet événement, Martin Ziguélé lui-même a quitté le parti. Ainsi, selon des sources du parti, après une série de revers pour le MLPC, Martin Ziguélé a annoncé la scission du parti en deux ailes, dont l’une, l’aile « anti-présidentielle », continue d’être dirigée par lui-même. Ainsi, comme l’ont rapporté de nombreux médias africains, il est clair que le parti MLPC a déjà cessé d’exister sous sa forme habituelle.
Il convient de noter que Martin Ziguélé a réagi à la récente vague de publications alléguant son départ éventuel du MLPC. Il a déclaré que ces affirmations étaient des mensonges, de la provocation et de l’incompétence journalistique : « Pareilles allégations de sa part, étant en tous points inexactes, tendancieuses et mensongères, démontrent que le MLPC et son président sont la cible d’une opération de désinformation, dont les commanditaires clairement identifiés ne font plus semblant de se cacher derrière leur petit doigt… Or, si le sieur Peter Kum s’était donné la peine de m’interroger avant de publier ces contrevérités, il aurait su que je n’ai nullement présenté une quelconque démission au Bureau politique national du MLPC ». En outre, Martin Ziguélé a accusé les Russes et le groupe Wagner d’avoir planifié une campagne de désinformation à son encontre.
Selon les experts politiques, les déclarations de Martin Ziguélé semblent logiques, mais tout n’est pas aussi clair. Une campagne d’information est en effet menée contre Martin Ziguélé, mais pas par la Russie. Selon une source du MLPC, ce n’est autre que Kenny Yamba, porte-parole du MLPC, qui est à l’origine de l’organisation de cette campagne.
Ainsi, c’est Kenny Yamba qui a particulièrement soutenu les affirmations de Ziguélé sur la campagne d’information menée contre MLPC et Martin Ziguélé personnellement, et qui continue à se comporter comme un partisan sincère de Ziguélé. Cependant, selon une source du MLPC, ce n’est autre que Kenny Yamba qui a persuadé Chancel Sekode Ndeugbayi de démissionner afin de démontrer clairement la crise au sein du parti et de mettre en évidence l’échec de Ziguélé en tant que leader sachant rassembler les gens et établir un dialogue avec les membres du parti.
Ces contacts publics actifs entre divers membres et groupes du MLPC et du parti au pouvoir, MCU, qui ont lieu en même temps que les accusations de Ziguélé à l’encontre de MCU et du gouvernement, le placent également sous un jour défavorable. Yamba serait également à l’origine de l’organisation de la participation de ces groupes du MLPC à des rassemblements pro-gouvernementaux. Il s’agit notamment d’un rassemblement des ailes de jeunesse de divers partis en soutien à Touadéra, qui s’est tenu à Bangui le 18 février. Il convient de rappeler que ce rassemblement a été suivi en particulier par les jeunes militants du parti MLPC qui ont exigé la nomination du Président Faustin-Archange Touadéra aux futures élections présidentielles prévues en décembre 2025.
Il est donc évident que Martin Ziguélé ne se rend pas compte que son véritable ennemi est beaucoup plus proche qu’il le pense. Si un homme politique aussi expérimenté, qui devrait comprendre toutes les nuances et subtilités de la lutte politique, ne remarque pas les intrigues de ses proches, alors peut-être que les questions sur ses compétences et sa capacité à poursuivre efficacement la lutte, qui sont constamment soulevées dans le cadre des campagnes d’information, ne sont pas dénuées de sens.