« Au Sénégal, quand rumeurs, fake news et désinformation menacent les… »

Au Sénégal, quand rumeurs, fake news et désinformation menacent les fondamentaux de la République

« Dans un monde où l’information est une arme et où elle constitue même le code de la vie, la rumeur agit comme un virus, le pire de tous car il détruit les défenses immunitaires de sa victime. » ( J. Attali )

Autrefois, au Sénégal et ailleurs, les rumeurs et fake news se propageaient difficilement et lentement au sein des opinions publiques, mais avec le développement extraordinaire des réseaux sociaux, nos sociétés vivent sous le feu continu de l’information, des rumeurs et de l’infox.

Le monde ancien a volé en éclat et le nouveau monde, celui des réseaux sociaux, est devenu impitoyable, tant il véhicule le vrai et en même temps, il fabrique et colporte le faux à la vitesse de la lumière.

De nos jours, les faits visant à désinformer l’opinion et à véhiculer des rumeurs sont quotidiennement claironnés urbi et orbi par certains esprits à travers les mass médias sociaux.

En réalité, la rumeur a toujours existé dans nos sociétés. Socrate, lors de son procès au IVe avant Jésus Christ, se plaignait des ragots forgés de bouche à oreille contre lui par malveillance ou jalousie. Ragots colportés par des inconnus y croyant ou faisant semblant d’y croire.

La rumeur est donc vielle comme le monde. Cependant, tout est devenu différent avec la magie de la toile où rumeurs et fake news sont lancées par des groupuscules ou des individus afin de manipuler les opinions, déstabiliser des pays, saboter des régimes et/ou des entreprises et dénigrer des adversaires.

Les rumeurs ruinent les réputations, brises des vies, des familles et des carrières. Chez nous, au Sénégal, les rumeurs alimentent les conversations dans beaucoup de groupes WhatsApp, sur YouTube, pimentent les journées de celles et ceux qui épient leurs voisins.

Insidieuses, sournoises et souvent mal sourcées, les rumeurs et fake news peuvent porter atteinte à la cohésion sociale et aux valeurs démocratiques. Combien de fois les rumeurs sur les voleurs de sexe ont défrayé la chronique dans certaines villes du Sénégal ? Tous se rappellent il y a peu de temps des rumeurs sur le riz en plastique et sur le 4×4 de la mort, à bord duquel des individus distribuaient des offrandes de viande, d’argent et un linceul.

Les rumeurs ont provoqué de nombreux incidents sur les places publiques où des personnes accusées à tort d’être des voleurs de sexe ont été prises à partie par la foule en psychose.

Dans le monde de la finance et politique, la rumeur est devenue un outil stratégique, une technique pour détruire le concurrent ou l’adversaire politique. Distiller de fausses informations, verser dans l’infox pour tenter de saboter la politique du président de la République et ternir son image dans l’objectif d’être en pole position lors des élections, ce à quoi nous assistons depuis quelques années dans l’espace politique sénégalais. Les périodes électorales sont devenues par excellence des moments propices de diffusion de fausses nouvelles et de rumeurs.

L’extrémisme politique pousse certains hommes et femmes à inventer des histoires invraisemblables, à falsifier des chiffres, des données et des propos dans le but de salir le Président, sa famille et de l’empêcher de gouverner. Jamais, dans l’histoire politique moderne du Sénégal, un Président en exercice n’aura subi autant d’attaques comme le Président Macky SALL.

Outre Atlantique, les populistes, champions dans les deepfakes, l’infox et la désinformation, ont presque le même comportement, le même logiciel.

Tout est bon pour tromper les électeurs.trices et attiser la haine contre l’immigré, considéré comme responsable de tous les excès du grand capital et de la crise identitaire qui secoue plusieurs sociétés européennes.

En France, on se souvient encore de l’affaire Outreau, qui fut une source inépuisable de rumeurs, mais également des ragots sur madame Taubira.

En effet, en 2013, les extrêmes lancèrent la rumeur selon laquelle, son fils serait un meurtrier criminel en prison.

Christiane Taubira, ministre de la Justice cristallisait toutes les colères et haines de la droite et de l’extrême droite.

La violence, la manipulation, le rejet de l’autre, le repli sur soi font partie de l’ADN de l’extrême droite.

D’une manière générale, les rumeurs et fake news ont beaucoup contribué au triomphe des extrêmes dans le monde.

Durant tout le quinquennat de F. Hollande, Najat V. Belkacem a également du faire face aux fake news émanant de la fachosphère, concernant sa vie privée et ses missions au sein du gouvernement. Une vaste campagne de désinformation pernicieuse prétendait qu’elle a acté l’introduction des cours d’éducation sexuelle et coraniques dans les écoles publiques.

A son arrivée au ministère de l’Education nationale en 2014, un photomontage de sa carte d’identité circulait sur les réseaux sociaux, affirmant qu’elle s’appelait Claudine Dupont et non Najat V. Belkacem. Pure folie.

Dans la République des rumeurs, le journaliste Alexandre Duyck, revient largement sur les décennies de rumeurs et ragots, sur les « on dit » qui ont ruiné carrières et vies sous la Ve république, même si hélas certains sont bien fondés.

In fine, les fausses informations, les rumeurs et fake news sont une forme d’atteinte à la sécurité publique et une menace pour la démocratie, surtout qu’au Sénégal, un phénomène nouveau et inquiétant apparaît comme une épidémie, c’est celui des menaces et injures proférées en permanence sur les réseaux sociaux à l’encontre du président de la République et des confréries religieuses. Le législateur sera amené dans ces conditions à revoir ces différentes problématiques qui remettent en cause les valeurs démocratiques et républicaines.

* Dr Souleymane S. Diallo

Chercheur, chargé des élections APR France

dialloley@yahoo.fr

1 COMMENTAIRE
  • Jaw

    Waw pertinente analyse sauf que tout ce vous amenez jamais de preuve conquête sur vos démentis

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