Comment le 100e anniversaire de Sembène Ousmane a pu passer inaperçu au Sénégal? Pour moi c’est un peu un effondrement de la politique culturelle au Sénégal. Ça date pas seulement de la période de Macky Sall, le délitement de la culture dans ce pays, le poète Amadou Lamine Sall ne me démentira sur le sujet. On ne cherche pas à lancer non plus pas la pierre a Alioune Sow, un des rares ministres de la culture de ses dernières années qui tente de faire bouger les choses dans ce domaine.
Le ministre de la culture avec l’Université et le maire de Dakar doivent prendre conjointement une initiative commune pour célébrer le 100e anniversaire de Sembène Ousmane, de solliciter le soutien de spécialistes de Sembène comme Samba Gadjigo. Sembène c’est un peu notre Victor Hugo et notre Godard. Donner le nom de Sembène à la Place de la Nation. Nous devons célébrer Ousmane Sembène au Sénégal pour sa contribution exceptionnelle à la promotion de l’art cinématographique sur le Continent.
Nos hommes de culture et nos artistes sont d’ailleurs peu honorés. Pas de rue Yandé Codou Sène, Laba Sosseh, Mariama Ba, Ndiaga Mbaye et j’en passe. Qui parle de culture dans son programme de la présidence? Faut-il s’étonner que la politique se soucie de moins en moins d’éthique, de valeurs, de principes, qu’il y’ait moins de tolérance, plus de haine de violence et de conflit. Il faut retourner à la culture, à l’humanisme et aux valeurs de la reconnaissance et de la solidarité humaine. Ces valeurs qui prolifèrent dans les fictions cinématographiques et romanesques.
Une conception archaïque chez nous fait croire que la culture n’est pas rentable. Il faut demander aux Américains ce que Hollywood représente dans leur économie nationale, demander à la France ce que rapporte la culture à l’économie et surtout en terme de prestige. La culture sous Senghor a beaucoup apporté au Sénégal. Il est temps de réhabiliter la culture trop abîmée depuis quelques années. Renforcer et soutenir les jeunes créateurs, innover et mettre en place une vraie économie de politique de la culture.
Alioune Tine
Fondateur Think tank Afrikajom Center