[Jeunesse et Entrepreneuriat] – Khadija Ndiongue : « Mon défi … valoriser la cuisine sénégalaise »

[Jeunesse et Entrepreneuriat] – Khadija Ndiongue : « Mon défi … valoriser la cuisine sénégalaise »

La restauration est l’un des secteurs d’activité économique qui ne marche jamais au ralenti. Allant du street-food à la cuisine gastronomique, nombreux sont les entrepreneurs qui s’y lancent avec chacun, leurs propres solutions alignant cuisine équilibrée, produits de qualité et service de livraison. La table du chef ne se retrouve plus seulement dans les hôtels 4 et 5 étoiles.

Digital, produits locaux et service de livraison semblent être la combinaison gagnante. C’est sur celle-ci qu’a misée Khadija Ndiongue, CEO de Terroir Food Sénégal. Son concept de restauration à base de produits locaux frais, fait saliver plus d’une personne. Pour Khadija, jeune sénégalaise de 34 ans, au-delà des saveurs, il y a tout un ensemble de valeurs. Rencontre avec l’étoile montante de l’entrepreneuriat culinaire au Sénégal et ses tables du terroir qu’elle installe petit à petit partout dans la capitale.

Comment vous est-il venu l’idée de créer votre restaurant Terroir Food Sénégal ?

Terroir Food Sénégal est l’aboutissement de mes autres expériences dans la création d’entreprise, qui n’ont pas toutes abouties. Je ne prends pas toute fois cela comme des échecs car ces expériences m’ont permises de me relever encore plus fort.

Au temps de ma sortie de l’école Saint-Michel, l’envie d’entreprendre me faisait déjà tourner la tête. A l’âge de 24 ans, avec l’aide de ma famille j’ai créé un atelier de confection de vêtements prêt-à-porter africains : Toufa black Fashion. Sans fonds, c’était difficile. Après une année d’activité, je l’ai fermée pour le transformer en agence d’événementiel Toufa Black Agency. La chanson s’est répétée, j’ai décidé de tout arrêter et de partir travailler pour le compte d’autres entreprises.

J’ai travaillé dans beaucoup de structures et l’envie de créer le restaurant m’est naturellement venue un jour. L’idée de départ consistait en la reprise d’une buvette que gérait un ami de mon grand frère dans mon quartier à Ouagou Niaye 2. C’est ainsi que j’ai entreprise la lourde tâche de faire renaître la buvette, la moderniser et changer le menu. Ce qui a été très fructueuse car, beaucoup de personnes ont commencé à visiter la place. J’ai ainsi réussi à doubler le chiffre d’affaire. Le soir, je vendais du lakh, du thiakry, du Ngalakh et des plats cuisinés typiquement sénégalais cuisinés sur place.

« Je veux valoriser la cuisine sénégalaise ».

Le projet Terroir Food Sénégal est né d’un constat que j’ai fait au temps où j’étais assistante administrative à la Coopération Japonaise. Moi et mes collègues trouvions beaucoup de peines à bien nous restaurer à midi : peu de choix car tous les fast-foods proposaient les mêmes menus avec les mêmes ingrédients. Je me suis alors dite qu’il me fallait penser à une solution de restauration rapide, basée sur les habitudes culinaires des sénégalais. C’est ainsi que j’ai travaillé le concept de terroir qui renvoi au territoire, à l’appartenance culturelle et le Food en anglais de par mes influences étrangères car j’aime beaucoup parler anglais. De plus, je voulais valoriser la cuisine sénégalaise sous toutes ses formes.

Quelles sont vos responsabilités en tant que propriétaire d’un restaurant ?

La restauration est un domaine sensible, basé sur une chaîne de valeur. Les responsabilités sont énormes. En plus de la gestion d’une entreprise avec la paperasse habituelle, il nous faut intégrer la gestion de la cuisine que je n’ai pas apprise dans une école. La cuisine est pour moi une passion, un amour de jeunesse qui m’aide à m’exprimer. Je l’ai apprise dans la cuisine familiale, plus précisément dans celle de ma grand-mère.

Aujourd’hui, je gère toute la chaîne avec mon équipe, de la gestion du stock à la livraison des plats chez les clients. La restauration est un domaine sensible, basé sur une chaîne de valeur. Si vous n’avez pas les bons produits, cela se ressent dans le goût, dans la présentation et les clients feront très vite savoir qu’ils ne reviendront jamais. Nous sommes donc obligés d’être très vigilants. J’ai la chance d’être en relation directe avec les clients et les fournisseurs, même si je délègue beaucoup de tâches à mes collaborateurs.

Quels produits offrez-vous, et quelles sont leurs particularités ?

L’objet principal du restaurant Terroir Food est de promouvoir les recettes à base de produits locaux, tout en garantissant le plaisir ainsi que l’apport nutritionnel et énergétique.
Notre objectif est de faire voyager nos clients à travers tout le Sénégal, grâce à notre cuisine.

Terroir Food Sénégal est un restaurant – service traiteur spécialisé dans la livraison à domicile et en entreprise de plateaux repas à Dakar et ses alentours. Nous sommes spécialisés dans les menus du terroir. Nous proposons le matin comme petit déjeuner du lakh, du fondé, car nous avons comme spécialité les plats sénégalais. Nous produisons également de la viennoiserie, des jus locaux, des sandwichs à la carte, des salades et des desserts revisités à la sénégalaise.

La particularité de notre menu est qu’il est totalement inspiré par les produits du terroir. Notre objectif est de faire voyager nos clients à travers tout le Sénégal, grâce à notre cuisine. Aujourd’hui, Terroir Food Sénégal est décrit comme étant la vitrine de la cuisine sénégalaise, et cela nous va droit au cœur car témoigne de notre amour pour notre pays et les produits locaux.

En tant qu’entrepreneure, quelles difficultés rencontrez-vous et comment avez-vous réussi à les surmonter ?

Terroir Food Sénégal a été lancé le 22 décembre 2016. Nous ne sommes aujourd’hui qu’à 5 mois d’activités, mais nous avons très vite appris beaucoup de choses.
Tous les entrepreneurs vous diront qu’à leurs débuts, ils avaient souvent envie de lâcher prise. C’est mon cas. Ma mère me dit souvent que tout début est difficile. Bien que j’ai reçu le financement d’une des structures de l’état en fonds de roulement, il a été nécessaire de trouver d’autres fonds pour pouvoir débuter notre activité. La plus grande difficulté se situe au niveau de la gestion quotidienne des intrants. Cela m’a déjà poussé à réduite le personnel car les fonds nous manquent pour atteindre certains objectifs que nous nous fixons.

Terroir Food Sénégal propose des produits frais. Comment vous-en procurez-vous ?

Je me procure principalement mes produits frais auprès d’un agriculteur local qui commercialise ses productions dans sa boutique à Dakar. Je me ravitaille beaucoup en salades chez les dames agricultrices qui font de la culture sur table. Ce qui nous différencie des autres restaurants traiteurs est notre connaissance de la provenance de nos intrants. Nous accordons une importance particulière aux produits de saison et cela nous permet d’éviter les ruptures de stock, mais aussi de connaitre comment les légumes ont été cultivés.

Nous travaillons beaucoup avec les GIE de femmes transformatrices de céréales locaux, de fruits et légumes car ce sont des femmes courageuses qui se battent jour et nuit pour proposer à leur clientèle de bons produits cultivés ici au Sénégal , malgré un maigre appui et les maigres moyens du bord.

Dans la recherche de partenaires et collaborateurs, sentez-vous plus de difficultés parce-que vous êtes une femme ?

Non pas du tout. Au Sénégal, la restauration est un milieu où il y-a plus de femmes que d’hommes.

Comment définissez-vous le parfait collaborateur ?

Pour moi le parfait collaborateur est celui qui est toujours là pour le travail, que ce soit durant les périodes de vache maigre ou grasse. Il conseille, épaule et est toujours prêt pour travailler.

Comment faites-vous pour trouver de nouveaux clients ?

Nous faisons du mailing, des visites d’entreprise et postons sur les sites de petites annonces gratuites pour parler de Terroir Food. Nous envisageons de faire de la publicité à la radio et à la télé, même si cela coûte très cher.

Quels sont les outils que vous utilisez pour communiquer et rester en contact avec vos clients ?

Nous sommes de la génération Web et avons grandi avec internet donc nous utilisons beaucoup les réseaux sociaux, particulièrement notre page Facebook Terroir Food, et notre site web pour communiquer avec nos clients. Tout au début, nous avions distribué des Flyers avec nos menus aux entreprises de la place. Nous envoyons également le menu par SMS aux clients et cela nous permet aussi de rester très proches avec eux. De par ces petits messages, nous entretenons une certaine relation avec nos clients.

Cela séduit et j’ai eu le retour d’une fidèle cliente qui est la créatrice de la Kira Création qui disait qu’elle allait certainement suivre notre système de sms marketing car des fois nous sommes tellement submergés par le travail que nous en oublions à déjeuner. Rien que ce petit rappel encourage à commander.
Un message suffit car il ne faudrait pas non plus que les clients se sentent agressés dans la journée par beaucoup de messages venant de la même structure.

Quelle est votre stratégie pour fidéliser les clients ?

Notre stratégie pour fidéliser notre clientèle est tout simplement leur proposer une bonne cuisine, car si le client est satisfait il fera la promotion du restaurant alors que s’il est insatisfait, nous allons le perdre.

Quelles sont les personnes qui vous inspirent le plus ?

Le Wok, cet instrument de cuisine me rappelle la cuisine de ma grand-mère. Ma grand-mère, je l’admirais énormément pour son amour du travail et ses encouragements pour que j’aille toujours de l’avant. Ma mère aussi, une femme de cœur qui s’est sacrifiée pour sa famille et pour son travail. Comme je vous l’ai dite au début, ma mère travaillait, ce qui ne nous permettait pas de passer beaucoup de temps ensemble. Nous étions plus avec notre grand-mère à la maison, qu’avec elle. Je me souviens, quand elle cuisinait de la viande, elle prenait le couvercle des grosses marmites qu’elle mettait sur le feu. C’était son WOK à elle et ça ne cramait jamais. Je me rappelle qu’elle adorait faire la cuisine pour elle-même malgré son âge avancé. Le Wok, cet instrument de cuisine me rappelle la cuisine de ma grand-mère.

Quels conseils donnez-vous aux jeunes entrepreneurs qui souhaitent se lancer dans la restauration ?

Le premier conseil que je puisse donner est de savoir cuisiner ou encore connaitre le B-A-BA de la cuisine, car la restauration est un milieu très exigeant. Donner à manger n’est pas chose aisée et il faut beaucoup d’hygiène dans la cuisine : le port de coiffe, le port de gants et le port de tenue adéquat est très important.

Dans un second temps, pour être un bon entrepreneur il faut avoir des connaissances dans la gestion d’entreprise, la comptabilité, car maintenant la restauration ne s’arrête plus à la fourniture de matière première et à la cuisine. Il ya plusieurs paramètres intrinsèques qui entrent aussi en jeu comme la communication, la maîtrise des normes d’hygiène, la maîtrise de son stock et plus encore. Il faut être patient car c’est un investissent à long terme et être humble, accepter les critiques, les suggestions et les conseils des clients ainsi que de toutes autres personnes.

Enfin, il faut aussi avoir le goût de l’entrepreneuriat, le goût du risque et une solide expérience de la vie de tous les jours. Aujourd’hui, beaucoup d’entrepreneurs sont des self-made men, des autodidactes qui ont tout construits grâce à leurs expériences de la vie, mais pas seulement grâce aux études. Cela me fait penser à Monsieur Youssou Ndour, Président du Groupe Futur Média et Serigne Mboup de CCBM.

Il faut beaucoup avoir confiance en soi, c’est le secret de la réussite.

 

Par Ankou Sodjago (sodjagojustin@gmail.com)

1 COMMENTAIRES
  • mame Khady Ndiongue

    merci à SENEGO spécialement à Ankou Sodjago pour cet excellent article à l’endroit de notre E-restaurant terroir Food Sénégal cela prouve encore plus votre esprit de découvrir de nouveaux talents cachés .terroir Food sénégal vous remercie et vous réitére tout son soutien à l’endroit site d’information et qu’il aille de l’avant comme les autres sites que ce soit un site d’information qui sera les plus lus en afrique et dans le monde entier .

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