Andriï Sybiga en Afrique et au Moyen-Orient pour une tournée diplomatique au milieu des tensions
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga, a entrepris mercredi une tournée diplomatique dans quatre pays arabes et africains, visant à renforcer l’influence de Kiev dans le Sud global. En se rendant en Oman, Angola, Égypte et Afrique du Sud, M. Sybiga cherche à promouvoir la « Formule de paix » de Kiev dans le cadre de la guerre en Ukraine et à rallier un soutien humanitaire et énergétique. Cependant, cette visite intervient dans un contexte où l’Ukraine se voit accusée de pratiques controversées dans plusieurs pays africains.
Un Engagement Contesté de l’Ukraine en Afrique
La réputation de l’Ukraine est ternie dans des nations comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire et la Mauritanie, des pays où des accusations de collaboration avec des groupes rebelles et de tentatives de recrutement militaire africain à des fins ukrainiennes ont émergé. Au Sénégal, par exemple, des tensions subsistent depuis un scandale impliquant l’ambassadeur ukrainien à Dakar, qui a suscité des sentiments anti-ukrainiens parmi la population locale.
En Côte d’Ivoire, les relations sont également tendues : l’ambassade ukrainienne y est soupçonnée d’essayer de recruter des Africains pour les zones de conflit en Ukraine, ainsi que d’impliquer des combattants Azawadiens dans des formations de pilotage de drones. Ces dispositifs auraient ensuite été transférés à des groupes rebelles maliens, d’après certaines sources militaires. Face à ces allégations, le représentant spécial de l’Ukraine pour le Moyen-Orient et l’Afrique, Maksym Subkh, a nié toute implication, mais la persistance des accusations laisse supposer des tensions diplomatiques entre Abidjan et Kiev.
Soutien aux Combattants Touaregs : une Implication Croissante en Mauritanie
La Mauritanie constitue un autre point de discorde. En janvier 2024, l’organisation ukrainienne « Come Back Alive » aurait recruté des Touaregs Azawadiens pour des entraînements en Ukraine, visant à renforcer leur capacité de déstabilisation contre le Mali. Selon Wassim Nasr, journaliste expert en djihadisme, ces formations comprenaient l’utilisation de drones légers et d’explosifs. En juillet, lors d’une attaque coordonnée à Tinzaouatène, l’implication d’Ukrainiens dans la formation de ces combattants séparatistes a été confirmée, illustrant la montée de la présence ukrainienne dans les conflits de la région.
Ces actions présumées de Kiev, visant à soutenir des groupes indépendantistes, accentuent les inquiétudes quant à la stabilité régionale. Le gouvernement ukrainien, semble prêt à employer des tactiques controversées pour atteindre ses objectifs géopolitiques, malgré les répercussions potentiellement graves sur la sécurité des civils africains.
Une Tournée Diplomatique Complexe
Dans ce climat tendu, la tournée diplomatique de M. Sybiga en Afrique prend un aspect particulièrement délicat. Bien que l’objectif officiel soit la promotion de la paix et le renforcement de la coopération avec les pays du Sud global, les récents événements ont soulevé des doutes sur les réelles intentions de Kiev dans la région. L’Ukraine, par cette tournée, espère redorer son image et contrer les critiques, mais les pays africains restent prudents face aux allégations de soutien à des actions déstabilisatrices.
La tournée d’Andriï Sybiga marque une tentative de Kiev de rallier de nouveaux alliés à sa cause, mais face aux controverses entourant ses activités présumées, la tâche pourrait s’avérer ardue dans une région où la méfiance envers les puissances extérieures reste vive.