Des élections catastrophiques pour Theresa May au Royaume-Uni

Les législatives ont produit l’inverse de ce que la Première ministre avait souhaité : au lieu de gagner des sièges, son parti a reculé et perdu sa majorité. C’est un échec dramatique pour Theresa May, de mauvais augure pour le Brexit, analyse la presse britannique.

C’est “la crise chez les conservateurs”, selon The Times : “leur espoir de renforcer leur majorité de façon substantielle, a été anéanti”. Le parti de Theresa May a perdu au moins 12 sièges aux législatives du 8 juin, l’inverse de ce à quoi il s’attendait. Le journal rappelle que “les élections avaient pour but de consolider le leadership de Theresa May, de son parti et du pays, et de rassurer l’UE sur le fait qu’elle aurait un partenaire de négociation fort et stable. Or, il n’en est rien.”

En effet, les élections anticipées devaient renforcer la majorité conservatrice afin de donner plus de légitimité au gouvernement de la Première ministre en amont des négociations sur le Brexit, qui étaient censées commencer le 19 juin. Lorsque Mme May a annoncé le scrutin en avril, les sondages prédisaient aux conservateurs une avance confortable de 20 points sur leur principal rival, le Parti travailliste. Mais selon les premiers résultats, les Tories ne gardent pour l’instant que 315 sièges dans la chambre basse (sur un total de 650, 4 circonscriptions n’ayant pas encore déclaré leurs résultats), ce qui signifierait une perte de 12 sièges.
Le journal conservateur observe aussi que “c’est la deuxième fois en un an qu’un dirigeant conservateur a fait un mauvais calcul politique important”, se référant à la décision de David Cameron d’organiser un référendum sur le Brexit, dont il pensait que l’électorat allait le rejeter.

Une grave erreur de jugement

À l’opposé, le Labour, le parti travailliste mené par Jeremy Corbyn, a contre toute attente fortement progressé. Il obtient pour l’instant 261 sièges, en gagnant 31. Ses progrès sont largement expliqués par une campagne réussie et vigoureuse, et une participation importante, notamment parmi les jeunes électeurs.

Mme May “a fait preuve d’un jugement catastrophique”, estime The Guardian :

« Il y a quelques mois, Mme May avait une autorité, en se présentant comme l’impératrice indiscutable du Brexit, la femme qui allait se retrousser les manches pour s’en occuper. Cette autorité a été décimée.”
“Le pari de Mme May, instable et faible, a échoué. Elle devrait partir”, tranche The Independent. Le journal de gauche prévoit que “son parti ne va pas lui pardonner d’avoir organisé des élections dont il n’y avait pas besoin, et d’avoir perdu des sièges”.

Un vote “pour le chaos”

“Le Royaume-Uni a voté pour le chaos”, résume de son côté The Daily Telegraph.
« Les gens n’ont pas été séduits par le discours des Tories, et ils n’étaient pas non plus convaincus par la Première ministre. Ils ont décidé que le Brexit n’était pas au cœur de ces élections. Ils ont voulu se rebeller.”
Le journal conservateur souligne que “les discussions pour former une coalition pourraient reporter les négociations sur le Brexit [avec l’UE]”, qui devaient démarrer le 19 juin. “Cela réduit encore plus le temps disponible pour conclure un accord complexe sur la sortie de l’UE.”

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