Yahya Diop Yekini-La légende de Bassoul: Le meilleur lutteur de tous les temps

Avec vingt deux (22) combats pour dix neuf (19) victoires, un match nul et deux (2) défaites, le palmarès de Yékini, « le roi des arènes » est tout simplement impressionnant. Une véritable prouesse pour celui qui est pourtant entré dans la lutte par effraction. Retour sur la carrière prestigieuse de l’enfant de Bassoul.
Ce reportage avait été réalisé en 2012 par votre serviteur alors Rédacteur en Chef du magazine spécialisé « Tuuss » et repris in extenso avec un complément de la carrière de Yahya Diop Yekini.

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Le parcours de Yékini est digne d’un véritable conte de fées.

La « légende » raconte que c’est en 1992 qu’il décida véritablement de faire carrière dans la lutte. Alors qu’il était en visite de courtoisie à Joal-Fadiouth, chez certains de ses proches, le futur roi des arènes tomba par hasard sur un tournoi de lutte traditionnelle dominé de bout en bout par un champion hors du terroir. Ce qu’il trouva inacceptable.
Blessé dans son amour propre, l’enfant de Bassoul emprunta un pagne, défia l’imbattable champion et finit par le battre,à la surprise générale. Séduits par sa témérité et son iné- puisable registre technique, les nombreux amateurs qui assistaient à ce tournoi le persuadent de faire carrière dans la lutte, convaincus qu’il allait être un grand champion.
C’est ainsi qu’est née l’idylle entre Yakhya Diop dit Yékini et la lutte. De 1992 à 1997, il confirme tout le bien que ses admirateurs pensaient de lui. Il s’impose régulièrement lors des galas de lutte simple organisés, sur la Petite Côte,les îles du Saloum et dans certaines localités du département de Fatick.
Au grand dam des ténors de l’époque comme le défunt Yamou Sarr, Ibou Diop Mbeloguith, Dame Gakou, le redoutable Tombé Sène, Bassirou Sarr de Soumb, le légendaire Malamine, ancien détenteur du drapeau du chef de l’Etat, Malick Nguéniène, entre autres.

1996, son destin connaît un déclic avec le drapeau du chef de l’Etat organisé à Fatick.

Finaliste malheureux face à ZaleLô, il impressionne néanmoins le coach de ce dernier qui n’était d’autre qu’Amadou Katy Diop. Subjugué par le registre technique assez soutenu de l’enfant de Bassoul, Katy Diop, comme on l’appelle communément, le convainc, sans
difficultés, à porter les couleurs de l’écurie Ndakaru qu’il venait de créer. Le protégé de Robert Diouf ne tarda pas ensuite à taper dans l’œil de l’entraîneur national de lutte.
Pour la première fois, Ambroise Sarr le convoque en équipe nationale. C’était en 1997, date à laquelle il fit également son entrée en matière dans la lutte avec frappe. Le 10 août de cette année, il part à l’assaut de Kadd Gui, le lutteur deYarakh, père de la fameuse formule du « dina gnam », en référence à ses coups de poings (Kadd Gui) qui font souvent mouche. Rusé et très serein, le porte-étendard de l’écurie Ndakaru passe sans difficulté l’obstacle KaddGui. Une bonne entrée en matière qui conforte son entraineur AmadouKaty Diop dans son choix. Celui qui fait deYékini le fer de lance de son écurie. Le 23 novembre 1998, un autre obstacle de taille se dresse devant lui. Pouye 2, un lutteur teigneux et difficile à manœuvrer piaffe d’impatience de lui infliger la première défaite de sa carrière en lutte avec frappe. Annoncé électrique, le combat tient toutes ses promesses.

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Les nombreux amateurs qui se sont déplacés au stade se délectent… au menu, de la bagarre et de la lutte pure. Au terme d’un face-à-face âprement disputé, Yékini remporte sa deuxième victoire d’affilée. Aujourd’hui encore, le n°1 avoue que c’est le combat le plus difficile qu’il a eu à livrer. L’ancien libero clôture en beauté l’année 98 par deux autres grandes victoires notamment face à Pape Cissé, (1er mars) grand frère de Baboye et Mor Nguer (28 novembre), un des ténors de l’époque.
Parallèlement, il prend part aux compétitions africaines, en tant que capitaine de l’équipe nationale de lutte. Lors du tournoi de lutte africaine de Cotonou, toujours durant l’année 1998, il est double champion d’Afrique en individuel et en équipe. Il réédite presque ces prouesses en 1999 et remporte une médaille d’or dans la catégorie individuelle et une autre d’argent en équipe, lors des championnats d’Afrique de Ouagadougou.
La même année, le poulain de Katy Diop, dans la catégorie des plus de 130 kgs, gagne une médaille d’argent aux jeux Africains de Johannesburg en lutte libre. Une véritable prouesse pour une première participation à ce genre de compétition.
Retour dans la lutte avec frappe. Le 29 mai 1999, il s’attaque à un monument de la lutte, à savoir Mohamed Ali, alors chef de file de l’écurie Walo. Un défi lourd à relever face à un « dinosaure » qui n’était plus à présenter dans le monde de la lutte. Le choc de générations fut pourtant plus facile que prévu pour le sociétaire de l’écurie Ndakaru qui parvient à sceller le sort du coéquipier de Alioune Seye n°2 en quelques petites minutes seulement.

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Les vieux routiers surclassés, il ouvre un nouvel album de sa carrière en s’attaquant aux lutteurs de sa génération. Le 29 octobre 2000, il remporte son corps à corps contre Bombardier après que ce dernier l’ait administré un violent coup de poing alors que l’arbitre s’était déjà interposé entre eux .Alors que Yakhya Diop continue de boire son petit lait, le chef de file de l’écurie Mbour Montagne écope d’une suspension de 6 mois ferme outre une importante sanction financière. La même année, il participe au championnat d’Afrique de Niamey d’où il revient avec une double médaille d’or dans la catégorie individuelle et dans le championnat par équipe.
L’enfant de Bassoul réédite cet exploit en 2001 lors du championnat de lutte de la CEDEAO, toujours à Niamey en s’adjugeant à nouveau deux médailles d’or en individuel et en équipe. Mieux, « l’empereur des arènes » est désigné comme étant le meilleur lutteur de ce tournoi.
En même temps, il poursuit sa carrière dans la lutte avec frappe. Il accroche deux nouveaux trophées dans son tableau de chasse en battant respectivement Khadim Ndiaye, «le boucher du dimanche », le 22Avril 2001, puis Baye Fall, frère de Toubabou Dior, un mois plus tard. Son premier combat contre Balla Bèye 2 ,le 1er janvier 2002, comme tous les deux autres d’ailleurs, restera à jamais gravé dans les annales de l’histoire de la lutte au Sénégal. Lors de ce combat, l’enfant de Ndakaru montre une autre facette. Il se révèle un véritable bagarreur face à Baboye, un lutteur belliqueux et fougueux.
A l’issue d’un combat sans répit, Yékini malmène et prend le dessus sur Baboye,qui rentre chez lui, avec une dent en moins. La saga se poursuit. En 2003,il fait deux nouvelles victimes.
Mor Fadam et Lac de Guiers 1, deux lutteurs au crépuscule de leur carrière, sont balayés sans grande résistance. Avec ses deux succès, l’ancien capitaine de l’équipe nationale de lutte tourne définitivement la page des vétérans de l’arène. L’alternance générationnelle symbolisée par l’éclatante victoire de Tyson, aux dépens de Manga2 en 1999, se précise. Désormais, il n’a plus en face de lui que des lutteurs de sa génération comme potentiels adversaires. Et la plupart de ses combats de lutte seront disputés sur fond de règlement de comptes. En effet, la majeure partie de ses « futurs » adversaires ont déjà croisé le fer avec lui. Ainsi, il bat à nouveau Bombardier le 28 mars 2004 pour les besoins de leur deuxième confrontation.

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Le même sort a été réservé à Khadim Ndiaye, le boucher de Thiaroye, qui fut tout simplement mystifié lors de leur seconde rencontre le 15 mai 2005. Le 1er mai, 2006,Yékini fait définitivement tomber le mythe Tyson en le dominant sur tous les plans.Grâce à un hancher magistral, il inflige au leader de la Génération Boul Faalé l’une des chutes les plus limpides dans l’arène.
Le 3 juillet 2006, son contentieux contre Moustapha Guèye, le deuxième tigre de Fass, fait couler beaucoup d’encre. A quelques jours du face-à-face, l’ancien champion de la CEDEAO accuse, à la RTS, la main sur le Coran, certains acteurs de l’arène et le promoteur Gaston Mbengue de parti-pris en faveur du Fassois. Au finish,l’enjeu finit par tuer le jeu. Al’issue du temps réglementaire, les deux adversaires se séparent sur un combat nul, laissant les amateurs sur leur faim. Yékini sort de cette affiche avec un sentiment d’amertume, persuadé que l’ancien tigre de Fass, qui a passé tout le temps à battre en retraite lors du combat, n’a pas joué franc jeu.
Après l’épreuve Moustapha Guèye, Yékini goûte à nouveau aux délices de la victoire. Face à Baboye en 2007, il parvient, à la surprise générale, à retourner la situation en sa
faveur alors qu’il était ceinturé par le lion de Pikine.Il confirme définitivement sa suprématie
sur l’ouragan de Pikine, un an plus tard, pour les besoins de leur troisième et dernière
confrontation. Finie la page Baboye, il ouvre aussitôt un nouveau front en allant à l’assaut des jeunes espoirs. Le 23 juillet 2009, il bat Gris Bordeaux en moins d’une minute ; avant de dicter une nouvelle fois sa loi à Tyson le 4 avril 2010 et puis Bombardier, le 2 janvier 2011.
Ainsi,après 15ans de carrière,Yékini n’avait pas encore concédé la moindre défaite. Jusqu’à…

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Une de chute

Balla Gaye 2 marquera à jamais lui aussi l’histoire de la lutte pour lui avoir infligé la première défaite de sa carrière, lui qui avait fait de l’invincibilité un véritable défi. L’arène a retenu son souffle. « Lokho demna Guémigne », pour la première fois, Yekini entendra « Mougneul », à cause de cet « impertinent » Balla Gaye 2 qui lui a quasiment appris comment lutter ce jour d’avril 2012.
Resté trois (3) ans sans lutter, à ruminer son retour et à se soigner de « nerfs bloqués », Yekini perdra toute illusion devant un Lac de Guiers 2 qui rappelle étrangement…Yekini à ses débuts. Avec une clé qu’il adorait, Yekini sera battu à ce jeu par le « cousin » de Balla Gaye 2, étant aussi curiseument les deux jeunes à avoir battu Moustapha Guèye.
C’est à l’issue d’une conférence de presse, ce lundi 17 octobre 2016 que le mythe confirme son retrait de l’arène, après 24 ans de bons et loyaux services.
Parmi ses distinctions, le roi des arènes a été désigné quatre (4 )fois nguemb d’or en lutte avec frappe, 1 fois Lion d’or et meilleur lutteur avec frappe en 2009. Son plus grand titre reste cependant celui de meilleur lutteur du cinquantenaire, un trophée décerné par l’Association nationale de la presse sportive (Anps).

Palmarès Yékini (lutte avec frappe)
1997 : Démarrage de la carrière dans la lutte avec frappe
10 Août 1997 : Victoire sur Kadd Gui
23 Novembre 1997 : Victoire sur Modou Pouye 2
1er Mars 1998 : Victoire sur Pape Cissé (frère de Balla Bèye 2)
28 Novembre 1998 : Victoire sur Mor Nguer de l’écurie de Fass
29 Mai 1999 : Victoire sur Mohamed Ali de l’écurie du Walo
29 Octobre 2000 : Première victoire sur Bombardier de l’écurie de Mbour
22 Avril 2001 : Première victoire sur Khadim Ndiaye de l’écurie de Thiaroye
24 Mai 2001 : Victoire sur Baye Fall (frère de Toubabou Dior)
1er Janvier 2002 : Première victoire sur Balla Bèye 2
8 juin 2003 : Victoire sur Mor Fadam de l’écurie de Mermoz
15 Août 2003 : Victoire sur Lac de Guiers
28 Mars 2004 : Deuxième victoire sur Bombardier de l’écurie de Mbour
14 Mai 2005 : Deuxième victoire sur Khadim Ndiaye de l’écurie de Thiaroye
1er Janvier 2006 : Victoire sur Mohamed Ndao Tyson de l’écurie Boul Falé
3 Juillet 2006 : Match nul avec Moustapha Guèye le Tigre de Fass
10 Juin 2007 : Deuxième victoire sur Balla Bèye 2
23 Juillet 2008 : Troisième victoire sur Balla Bèye 2
26 Juillet 2009 : Victoire sur Gris Bordeaux le nouveau Tigre de Fass
07 Avril 2010 : Victoire sur Mohamed Ndao tyson le vip de Boul Faale
02 Janvier 2011 : Victoire sur Gris Bombardier
25 avril 2012: Défaite contre Balla Gaye 2
24 juillet 2016: Défaite contre Lac de Guiers 2 (dernier combat)

10 COMMENTAIRES
  • madaba

    yekini diam rek maya ame yague n’a bguei sngalais toi bon repos

  • Anonyme

    yama tahone beugue lambe diam ag weur ag hewal

  • deux rek

    C pas vrai de son temps il n est pas leur meilleur balla et lac2

  • deugmoworr

    Felicitations yakhya menougnoula fayy c vrai nekhoul nangou mai tu restera l meilleur lutteur du senegal.bon repos e bonn reconvertion champion

  • Fa de Maria

    sisi c’est le meilleur de tous bravo yekini, tu n’es pas mon lutteur certe mais tu es et tu restera un vrai champion

  • samba

    aferbi c eumeu sene

  • Mam

    Felicitation champion bègualnganiou ba tayi

  • alioune sall

    merci et courage tu as fait lessentiel dans ta carriere

  • touty

    A cause de toi j ai aime la lutte.pieux discipline.respect envers son prochain. l enfant de Bassoul , tu es notre fierte. » tu as tout fait dans la lutte.et Senegal n aura plus un lutteur comme toi. Bravo Yekini. tu es pour moi le champion et tu restera toujours le champion. pleins succes dans tes entreprises. le grand lion dans l arene , repose toi , tu n as plus rien a prouver dans la lutte. The king , all the best for you

  • diouf

    je valide ton départ cela prouve que tu es un fata

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