« Entre la candeur du lait et la tortuosité de ses doigts »

Entre la terreur et l’illusion du bonheur des souvenirs d’un passé lointain qu’est-ce qui pourrait déterminer l’homme ou la femme que l’on devient ?? Sommes nous prisonniers des blessures du passé qui ne se sont jamais cicatrisées? Est-ce parce que je n’ai jamais pardonné ? Est ce parce que j’ai été lâche, pour ne pas avoir dénoncé l’odieux ?

Est ce parce que je n’ai jamais pardonné à ma génitrice sa négligence? Et pourtant, elle a été une mère formidable, une battante , qui a fait de son mieux pour nous donner le meilleur d’elle-même, que souvent je lui trouve des excuses.

Ça ne lui a jamais été facile de faire des va-et-vient, des cascades entre le bureau et la grande maison familiale, avec toutes les contraintes que cela suppose, tant bien même qu’on est mère pour défendre, veiller, protéger et surtout croire l’incompréhensible .

On dit que la confidence noie la douleur, mais il nous suffit juste de voire un petit détail autour de nous pour que rejaillisse les hideurs enfouies, et je prendrais L’exemple du lait.

Le lait, il est a la fois si doux, et si écœurant. Vous arrive-t-il de regarder quelque chose et qu’il vous rappelle des atrocités, c’est le cas du lait . L’appât idéal, le piège parfait, pour tout enfant. Que je l’adore ! que je le déteste ! A la fois

Je m’en souviens, je n’ai pas oublié, je n’ai jamais oublié et d’ailleurs, je n’oublierais jamais .

Ce corps dégoûtant qui m’étouffe, où suintent cette sueur, et cette odeur nauséabonde, que je sens toujours et qui me donne ces nausées si fréquentes, ces doigts qui me cisaillent à l’intérieur de mon intimité, détruisent mon innocence, ressentez/vous cette main sur ma bouche, qui m’empêche de crier, cette monstruosité, ressentez-vous ce frottement régulier et incessant de ce phallus,ce liquide répugnant qui brûle mon innocence et me coupe les entrailles.

Entendez-vous ces menaces qui résonnent toujours, encore et encore dans ma tête au fond de cette chambre si sombre et lugubre . Ressentez/vous encore ces chaudes larmes qui me brûlent les joues ?terrifiée, toujours terrifiée .

Étais-Je lâche??

Suis je lache ? Oui je le pense, je n’ai pas été assez courageuse, pour dénoncer l’ignominie.

Serais/ce pour cette raison, que je suis toujours sur la défensive, si rebelle , si réservée , si mystérieuse,

La souillure, on a beau se laver, elle reste intacte,

Quand on abuse de vous une , deux ou plusieurs fois, vous êtes transgressée, violée chaque jour . votre mémoire ne vous laisse guère vous en remettre, elle vous pourchasse , vous rend coupable , vous assaille, vous rappelle tout dans les moindres détails .

Je t’ai maudit, j’ai longtemps prié pour ta décadence , et entre aller en prison, une punition à laquelle tu as échappé, le fait que tu n’aie jamais eu une vie heureuse, pas de femme, pas d’enfant, pas de boulot , errant dans les rues tel un vagabond que tu es, est/ce que un coup du destin ? Le karma? DIEU n’a pas pardonné et moi non plus je n’ai jamais pardonné. Et souvent, on blâme nos braves mères disant qu’elles n’ont pas beaucoup endurées ou n’ont pas fait preuve d’abnégation et de soumission à leurs maris dans leurs foyers pour mettre au monde de tels individus ,je dis non, je ne serais serais jamais d’accord pour cette thèse, pour la simple et bonne raison qu’on est maître de notre destin et Dieu est tellement juste qu’il nous fait payer nos erreurs des moindres aux plus grandes.

J’ai essayé de puiser au fond de mon être le pardon, mais je n’y suis jamais arrivée.

On pourrait croire que tu es entrain de payer cette forfaiture, je dis non tu mérite plus , tu as fait en sorte que mon coeur et mon âme se livrent à une lutte âpre, tu m’ as volé mon innocence, tu m’as détruit de l’intérieur, tu m’as infligé une douleur qui me torture l’existence.

Aucun châtiment ne sera à la hauteur de ce que tu m’ as privé, tu m’as volé ma jeunesse.

On essaye d’aller de l avant , de faire la paix avec nous même, mais rien est plus pareil, et rien ne sera plus pareil, on est marqué à vie et ces souvenirs si tortueux qu’ils soient, restent ceux de notre mémoire.

* FATOU DIÈYE

3 COMMENTAIRES
  • Sarr

    J’ai beaucoup aimé merci à Fatou Dieye

  • eugene sagna

    article extraordinaire ! le viol,cet acte ignoble,doit être dénoncé,ne te soucis pas de l’avis de la société.Parle,crie ,,sinon ton mutisme te détruira de l’intérieur

  • toulaye

    belle plume

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