Yaya Jammeh sauve sa peau, Par Dr Moustapha SAMB*

Il n’est pas question de penser que Yaya Jammeh a lâché du lest pour préserver la vie des Gambiens ou pour une quelconque sauvegarde de la paix. Au contraire, Yaya Jammeh a peur de mourir. Voilà un homme qui n’a de respect et de considération qu’à la force. Ceux qui disaient qu’il fallait écarter l’option militaire sont plus que naïfs. Yaya Damé a été contraint de quitter la Gambie parce qu’encerclé de toute part et abandonné par la quasi-totalité de son armée.

Il est vrai qu’il faut privilégier toujours la diplomatie dans un conflit puisque toute guerre finit toujours sur la table de négociations. Seulement, avec quelqu’un comme Yaya Jammeh, qui ne comprend que le langage de la force, il ne faut jamais écarter l’option militaire. C’est l’occasion de féliciter la CEDEAO, féliciter les Présidents Alpha Condé de la Guinée et Aziz de la Mauritanie, sans oublier tous les autres pays impliqués dans ce combat de la restauration de la démocratie et de l’ordre constitutionnel. Il s’agit notamment du Nigéria avec le Président Bouhari, du Libéria et du Ghana, sans oublier les forces armées de la CEDEAO, et le Président De Souza de la Commission de la CEDEAO. Le Président Macky Sall a encore une fois confirmé son leadership et sa clairvoyance dans le pilotage et la planification de cette crise très difficile pour le Sénégal.

Il y a des gens qui considèrent la prestation de serment du Président Barro à l’Ambassade de la Gambie à Dakar comme un échec puisqu’il ne l’a pas fait en terre gambienne. Une prestation de serment revêt simplement un caractère symbolique. Ce qui est important c’est de déloger Jammeh pour permettre à Adama Barrow d’exercer le pouvoir en Gambie. Yaya Jammeh ne faisait que des fanfaronnades. Il est loin de vouloir sacrifier sa vie comme le prétendaient beaucoup d’observateurs. On l’a vu, dos au mur, il s’est comporté comme un mouton qui demandait à négocier. C’est le lieu de féliciter la communauté internationale qui a écouté la voix du Sénégal, pays dont la diplomatie est très respectée ce qui a facilité le dénouement heureux de cette crise. Il faut simplement que la CEDEAO reste ferme et adopte une attitude de rejet face à certaines conditions inacceptables de Yaya Jammeh qui doit quitter à la fois le pouvoir et le pays, de gré ou de force.

Yaya Jammeh a fait souffrir le monde entier. Il a fait souffrir et terrorisé son peuple qui lui a pourtant tout donné. A voir les nombreux réfugiés gambiens au Sénégal et dans la sous-région, à regarder la manière arrogante dont Yaya Jammeh narguait la Communauté internationale, ce dernier n’a aucun mérite et doit rendre compte de ses actes. L’acceptation de Jammeh de quitter le pouvoir est le résultat de la puissance de feu de la CEDEAO et de l’attitude pacifique et réaliste de l’Armée gambienne qui a choisi la sagesse et la raison. Yaya a quitté parce qu’il n’avait plus le choix. Lâché par une bonne partie de son Armée, par le monde entier, le choix était simple et clair pour lui: rendre le pouvoir ou périr. C’est ce qui l’a poussé, à son corps défendant, à capituler. Voilà une race d’hommes politiques éhontée, aux mains entachées de sang, qui n’honorent pas l ’Afrique.

Je ne terminerai pas sans féliciter le Peuple gambien, l’engagement et l’intelligentsia de sa Diaspora. Je salue aussi la solidarité et attitude hospitalière du peuple sénégalais qui a accueilli les populations gambiennes comme des parents, des frères.

L’Afrique doit rester dans cette dynamique et ne plus accepter que des roitelets farfelus et des apprentis dictateurs, qui ont longtemps martyrisé leurs peuples, s’accrocher au pouvoir de peur d’être rattrapés par l’histoire. L’ONU, l’Union africaine et les Organisations sous régionales doivent étudier la jurisprudence Yaya Jammeh pour éradiquer une fois pour toute les dirigeants autocrates qui sont au pouvoir en Afrique et modifier l’image négative du Continent dans un monde marqué par la globalisation, un monde devenu comme le prédisait Mac Luhan, le célèbre sociologue canadien, un véritable village planétaire.

*Enseignant/ chercheur/Ucad

Président Prad/Sénégal

3 COMMENTAIRES
  • lahat diop

    bien dit a yaya a peur de mourir n’avait pas d’autre issue quitter ou perire mbame deug la yatte rek la kham

  • Ady Gaye

    Merci professeur je n’ai pas de mots pour apprecier votre lucide contribution:seulement vous me donnez encore une fois de plus des raisons de me coformer dans mes convictons profondes « Gueume sa rew » le Semegal.Merci!

  • Laurent

    Merci bcp excellent et bien argumenté !

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