Welcome to New York: l’affaire DSK sous les projecteurs du festival de Cannes

La quête d’honorabilité de Dominique Strauss-Kahn, expert économique d’un soir cette semaine à la télévision française, va subir un nouveau revers à Cannes. Ce samedi 17 mai est en effet projeté le très attendu « Welcome to New York », inspiré du scandale du Sofitel en 2011.

Aujourd’hui reconverti en gestionnaire de fonds d’investissements et banquier d’affaires, l’ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) peine à faire oublier la sulfureuse affaire qui a éclaté il y a trois ans. Par petites touches, lors de conférences internationales notamment, celui qui fut un temps le favori des sondages pour l’élection présidentielle tente de tourner la page et de réendosser ses habits d’expert économique.

Une projection en marge du festival

En mars, il a assigné en diffamation l’écrivain français Régis Jauffret, l’auteur de « La Ballade de Rikers Island » et les éditions du Seuil pour un roman qui met en scène le dirigeant d’une institution internationale accusé de viol. Jeudi soir, France 2 diffusait en prime time une interview exclusive de DSK dans le cadre d’un documentaire sur l’euro, une intervention montrée au côté de celles d’anciens Premiers ministres.

Mais samedi, le Festival de Cannes va à nouveau braquer les projecteurs sur le passé sulfureux de DSK avec la diffusion de « Welcome to New York », un film d’Abel Ferrara librement inspiré du scandale, avec Gérard Depardieu et Jacqueline Bisset. Le film ne fait partie d’aucune sélection du festival, mais il n’est pas question pour les producteurs de laisser passer l’exposition médiatique que représente le rassemblement de plus de 4.000 journalistes au même endroit.

C’est donc dans deux salles de cinéma cannoises, ce samedi à 21h, que « Welcome to New York » fera sa première mondiale. Et tous les médias intriguent pour obtenir un sésame aux projections.

Le film sort directement sur Internet

Rajoutant encore un peu de soufre autour du film, Vincent Maraval, coproducteur, a affirmé la semaine dernière subir des pressions. « Je ne suis pas adepte de la théorie du complot. Mais là, les faits parlent pour moi et illustrent, à l’instar de ce que nous subissons depuis trois ans, les relations incestueuses qu’entretiennent dans ce pays les élites, les politiques, les médias », a-t-il affirmé dimanche dans la presse française.

« N’importe où dans le monde, on peut faire des films comme ‘Le Caïman’ de Nanni Moretti sur Berlusconi ou ‘Fahrenheit 9/11’ sur George Bush (…). En France, on n’arrive pas à parler de notre histoire présente », regrette-t-il, en réaffirmant qu’aucune chaîne française n’a voulu le financer et que le film est « de nationalité américaine ».

Résultat, et au vu de l’énorme attente suscitée par le film, Wild Bunch a décidé, officiellement au nom d’une expérimentation, de sortir directement cet opus sur internet dès samedi et pas en salles. Ils brisent ainsi la traditionnelle « chronologie des médias » française, qui veut qu’une oeuvre sorte d’abord sur grand écran puis en DVD et vidéo à la demande (VOD, paiement à l’acte) avant les chaînes TV payantes puis les généralistes.

La presse partagée

Quelques médias privilégiés, bibles de l’industrie, ont déjà vu le long métrage comme The Hollywood Reporter qui a globalement apprécié ce film « scandaleux, hilarant et parfois fastidieux ». Variety salue « le talent viscéral de Depardieu dont la performance audacieuse est incontestablement le point fort du film », offrant notamment « son corps gonflé et porcin à l’examen sans pitié de la caméra ».

Quant à la presse française, elle est moins enthousiaste. « Le spectateur ne peut sérieusement y croire. Tout l’invite à décrocher, le scénario trop connu, filmé comme un documentaire, le rythme lent, les dialogues souvent grotesques », écrit Le Nouvel Observateur. qui va jusqu’à le qualifier de « navet ». « Si ‘Welcome to New York’ passionne, juge Le Monde, c’est qu’il est aussi mal dégrossi et suicidaire que son personnage, alternant des moments magnifiques et d’autres assez patauds, au risque de se saborder lui-même ».

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