Souleymane Bachir Diagne donne les clés de la quête d’africanité

Dans un entretien publié par le site d’informations réservé à l’actualité africaine par l’hebdomadaire français Le Point, M. Diagne estime que « (….) la vraie fidélité à la notion (introuvable, il faut bien le dire) d’africanité se trouve dans l’invention continue de soi. Et non dans la pétrification, où l’on risque de se perdre ».

« Regardez ce que le traditionalisme a inspiré à Mobutu qui a revendiqué la tradition pour imposer sa dictature… Que valent au continent les postures défensives et réactives, hier contre le colonialisme, aujourd’hui contre la mondialisation ? Et la crispation identitaire, qui pour la religion peut prendre les formes du fanatisme, du littéralisme ? », s’interroge le philosophe sénégalais, enseignant à l’Université de Columbia, à New York (Etats-Unis).

« Ils sont là les adversaires de cette pensée de la fidélité dans et par le mouvement ! C’est elle que je défends, et en cela je suis l’un des Bantous de Tempels : je crois en la force de vivre, force qui doit croître et aller de l’avant’’, fait valoir l’universitaire sénégalais dont le dernier ouvrage s’intitule « L’encre des savants ».

Ce « précis » publié aux éditions Présence africaine cherche à montrer ‘’comment les questions de l’ontologie, du temps, de l’oralité et de la politique sont pensées par les Africains ».

Selon lui, les philosophes africains ont été beaucoup occupés par la question du temps, « puisqu’elle est encore une fois liée à un stéréotype qui voulait que le continent africain soit celui de l’immobilisme où l’on valorise la tradition, à la différence d’un monde moderne engagé dans le progrès ».

« Il s’est même trouvé certains pour dire que la dimension du futur était quasi absente de la réflexion africaine. En ce qui me concerne, j’invite justement à penser le continent africain dans une philosophie du mouvement, où le sens de nos actions nous vient du futur que nous voulons et ne nous est pas dicté par le passé », dit-il.

« Dans tout ce que j’écris, il y a une constante : celle du rapport entre les notions de fidélité et de mouvement. Est fidèle à l’Islam ce qui suit le mouvement de son ouverture, c’est le sujet de mon livre sur Iqbal et de Comment philosopher en Islam ? », a affirmé le philosophe sénégalais.

« De la même manière, quand je réfléchis au +philosopher en Afrique+, je soutiens que la vraie fidélité à la notion (introuvable, il faut bien le dire) d’africanité se trouve dans l’invention continue de soi », a souligné Souleymane Bachir Diagne.

APS

1 COMMENTAIRE
  • Dan

    Véridique

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