Sénégal: Et quel Dialogue ! Par Elhadj Yvon MBAYE

Dialogue Politique, Dialogue Social,  Dialogue National, Assises Nationales, Conférence Nationale…..en voilà des synonymes irréfutables à la Realpolitik de notre pays. Quelle que soit la dénomination affligée à l’événement, cela signifie que, quelque part, des problèmes existent. Il y a lieu, dans un tel cas, de rappeler d’emblée: l’éternelle affaire de la Casamance, le conflit récurent sénégalo-gambien, l’éducation et la santé ont été les grands oubliés de ce dialogue national. Quand bien même que l’on nous dirige encore vers des commissions et autres ateliers sans fin.
                                                         Le Faux  Bol  D’oxygène
Si nous nous référons aux résultats socio-économiques publiés et affichés par les services compétents de l’Etat, il est judicieux d’affirmer que nous enregistrons des avancées papables dans presque tous les domaines. Jetons un coup d’œil sur ces résultats : Plus d’1 Million de tonnes d’arachide à la présente campagne électorale, plus de 300 Milliards de francs investis sur l’école sénégalaise voire sur l’éducation, l’efficacité claironnée de cette Couverture Maladie Universelle ( CMU ), l’autre heureuse innovation — nous dit-on —  de ces fameuses bourses familiales, la loi sur la diminution du coût du loyer, la hausse vertigineuse du taux de croissance de 1 à 6, 5 pour cent……. Si tout ceci est réel dans la vie quotidienne du citoyen ( les feux sont verts !),  pourquoi alors convoquer un Dialogue National ?  Souhaitons que ces chiffres de notre gouvernement n’émanent pas des mathématiques d’épicier. Car, comparés au vécu du sénégalais lambda, ceci mérite de sérieuses réflexions.
                                                        La  Ruse  Du   Roi
L’appel du pied du premier citoyen au Sénégal à l’opposition la plus significative, à travers un verbe et des gestes sentimentaux, tels que l’émotion ressentie à proximité de la demeure du Président Wade, sise au Point E ou l’accolade à Aîda Ndiongue, est révélateur de la force manipulatrice  de Sa Majesté face à la classe politique confondue. Ce qui nous pousse à la question de savoir :  » Jusqu’où nous mèneront encore ces hommes politiques ? ».
Le coup de fil à Maître Wade pour lui souhaiter un bon anniversaire, laisse tout bon observateur, tout analyste lucide et tout citoyen averti perplexes et pantois. Car, en 2013, 2014 et 2015, il y’a bien eu un anniversaire de l’ancien Chef d’Etat. Jamais, ce geste n’a existé. Pourquoi alors attendre 2016 pour un joyeux anniversaire si médiatisé ? Oui, ont raison ceux qui soutiennent qu’en politique, l’ennemi juré d’hier peut brusquement devenir l’ami chouchouté et bien-aimé d’aujourd’hui. Mais, toujours est-il qu’il y’a dans les relations APR/PDS –Le Président et son prédécesseur– un tissu de non-dits à étaler, afin que le peuple puisse savoir. Ce dernier en a le droit. Surtout, quand ce scénario touche à la fois, la  morale et la politique d’un Etat.
                                                        Etat,  Morale  et  Politique
Qui parle de morale politique pour un Etat, l’évoque face à la loi. Car, étant fragile celle-ci peut-être violée. Dans les pays où la démocratie est cahin-caha, le pouvoir fait usage de la force, pour appuyer ce qu’il veut faire. Chez nous, c’est plutôt le jeu du langage ou d’autres contournements. Machiavel, dans son ouvrage « Le Prince » y donne des conseils, des recommandations de manière générale à l’homme d’Etat.  » La fin justifie les moyens », avait-il enseigné à l’humanité. Il a offert aux dirigeants du monde, les stratégies pour conquérir et conserver le pouvoir.
Pour en revenir à notre cher Sénégal, il est temps d’inoculer à nos dirigeants confondus ( Pouvoir, Opposition, Société Civile, Syndicats etc ), que toute orientation sociale, économique et politique prise, ne devrait pas se faire au-dessus de la tête des braves populations sénégalaises. Refusant d’être menées en bateau par une classe politique intéressée dans sa grande majorité.
  Sans la moindre crise, avions-nous besoin d’un Dialogue national?
Elhadj Yvon Mbaye
Journaliste-formateur
Tel : 77 179 19 38
1 COMMENTAIRE
  • Citoyen vigilent

    La réponse à votre question finale est non, nous n’avions pas besoin de ce dialogue national car dialogues sont réservés jusque là aux pays africains en cours ou sortie de crise comme au Burkina (gouvernement de transition après renversement de Compaoré), en Guinée (gouvernement de transition après renversement Dadis Camara), au Mali (gouvernement de transition après renversement de Toumani Tourré), en Côte d’ivoire (après plus de 10 ans de guerre sanglante et de divisions ethniques),au Zaïre (après renversement de Mobuttu), en Lybie (gouvernement de transition après renversement de Khaddafi), en Tunisie (gouvernement de transition après renversement de Ben Ali) etc…la liste est longue. Mais nous avons un régime qui a le talent de nous importer des problèmes dangereux qui n’existent pas chez nous et dont sommes épargnés jusque là comme ce Dialogue nationale, cette notion de Terrorisme, des ex de Guantanamo, Nationalité, Sénégalité, des accords armées etc. Tout ça par amateurisme, incompétence et manque de culture étatique sans mesurer les dangers qui pourraient en découler. Il n’y a que les enfants qui peuvent jouer avec le feu car ils ignorent les dangers qui en découlent.
    Pour revenir à la magie des chiffres de l’économie, l’ancier premier ministre Britannique Winston Churchill disait: Je ne croirais aux statistiques que lorsque c’est moi qui les aurais manipulés. Ça se passe de commentaires. Il s’y ajoute qu’au Sénégal, nous avons récemment connus 1213 bureaux fictifs lors du récent référendum du 20 mars 2016. Cela conforte la citation de Churchill et nous empêche de croire à tous ces chiffres économiques virtuels que l’on nous brandi à tout va pour nous endormir, comme d’habitude.

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