Richard Pierpoint, esclavage sénégalais déporté en Amérique, est vénéré comme un Dieu au Canada

Richard Pierpoint est né dans le Bondou (Boundou :NDLR) (région actuelle du Sénégal) en 1744. Après sa capture en 1760, on l’a déporté en Amérique, avant de le vendre à un officier britannique. Après une vingtaine d’années passées aux États‑Unis, il a obtenu son émancipation en combattant au sein des Butler’s Rangers, pendant la Révolution américaine.

Grâce à son appui lors de ce conflit, les Britanniques lui ont concédé une terre dans la région du Niagara. Après 1783, Richard Pierpoint s’est établi à Niagara, où il a joué le rôle de griot (conteur) auprès de la communauté noire locale. Selon la tradition sénégalaise, le griot écoute des histoires et les associe à une pierre en particulier. Par la suite, il reconstitue chaque récit en sortant une pierre de son sac et en racontant l’histoire qui lui est associée. Avant et après la guerre de 1812, Pierpoint a parcouru le Haut‑Canada, afin d’écouter les récits de la communauté noire et de les retransmettre.

En 1794, Richard Pierpoint et plusieurs esclaves affranchis ont présenté une requête au gouvernement du Haut‑Canada, afin qu’il leur octroie des terres adjacentes plutôt que des lots dispersés parmi ceux des colons blancs. La pétition des Nègres libres, selon l’expression consacrée, visait à créer une communauté noire où l’entraide et le soutien mutuel seraient favorisés. On l’a rejetée pour des motifs inconnus.

Lors de la guerre de 1812, à l’âge de 68 ans, Richard Pierpoint a soumis une pétition à l’armée pour assurer la création d’une unité d’hommes de couleur. Cette pétition permettrait de produire une liste d’hommes noirs qui avaient juré de livrer bataille au sein de la région. À l’origine, la pétition a été rejetée, mais finalement, le capitaine Robert Runchey s’est vu confier le commandement de l’unité, nommée « compagnie des hommes de couleur du capitaine Runchey », ou Coloured Corps. La compagnie a combattu à Queenston Heights le 13 octobre 1812. (Elle comptait parmi les premiers renforts qui ont fait leur arrivée sur les hauteurs de Queenston afin de soutenir les guerriers de la rivière Grand et leur chef mohawk, John Norton.) Elle a grandement contribué à l’effort de guerre dans l’ensemble de la région du Niagara. En 1813, les membres de cette compagnie étaient réaffectés au Corps provincial des artificiers. Ils ont servi tout au long de la guerre, en construisant et reconstruisant des postes stratégiques importants.

Après la guerre, Richard  Pierpoint est demeuré à Niagara, mais il y trouvait la vie difficile. En 1821, il a présenté une nouvelle pétition au gouvernement, pour lui demander cette fois‑ci qu’on le renvoie au Sénégal, son pays natal, à bord d’un navire. Encore une fois, la pétition de Pierpoint a été rejetée, mais on lui a concédé une terre à Garafraxa, canton situé près de la ville actuelle de Fergus. Il a pris possession de sa terre et est devenu l’un des chefs de file de la communauté noire, en aidant des esclaves affranchis à parcourir le « chemin de fer clandestin ». En outre, des colons écossais, en particulier James Webster, ont fait appel à Pierpoint lors de leur arrivée dans la région de Fergus. Richard Pierpoint serait décédé en 1837, vers l’âge de 93 ans. Il compte parmi les milliers de Loyalistes noirs qui ont accédé au Canada après la Révolution américaine. Bien que plusieurs d’entre eux aient affronté de grandes épreuves, ils ont formé néanmoins une partie importante du nouveau Canada. Richard Pierpoint a mené une vie extraordinaire, et cette Minute commémore les efforts qu’il a consacrés sans relâche à la promotion de la santé et de la subsistance de la communauté noire du Haut‑Canada.

Source: historicacanada.ca
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