Rapport : Le Cameroun, un très mauvais élève en matière de respect des droits humains

Dans un rapport sur les droits humains au Cameroun publié ce jeudi à Yaoundé, Amnesty International décrie le pays de Paul Biya comme un des pays où les conditions de détention sont effroyables, voire tortures à mort, pour plus de 1 000 personnes accusées de soutenir Boko Haram. 

« En raison de la surpopulation qui règne dans la prison de Maroua, jusqu’à huit détenus y meurent chaque mois. Plus de 100 personnes, dont des femmes, ont été condamnées à mort par des tribunaux militaires, les attaques de Boko Haram au Cameroun ont fait près de 500 morts en 2015″, révèle le rapport.

« Plus de 1 000 personnes, dont beaucoup ont été arrêtées arbitrairement, sont détenues dans des conditions épouvantables, et plusieurs dizaines d’entre elles meurent des suites de maladie, de malnutrition ou de torture dans le cadre des opérations de répression menées contre Boko Haram par les forces de sécurité et les autorités camerounaises », a révélé Amnesty International dans ce nouveau rapport rendu public jeudi.  

Dans ce rapport, intitulé « Bonne cause, mauvais moyens : atteintes aux droits humains et à la justice dans le cadre de la lutte contre Boko Haram au Cameroun », l’organisation montre que l’offensive militaire lancée contre Boko Haram a entraîné des violations des droits humains généralisées contre les civils dans la région de l’Extrême-Nord du pays. 

« En cherchant à protéger la population de la violence de Boko Haram, le Cameroun vise le bon objectif, mais en arrêtant arbitrairement des gens, en les torturant et en les soumettant à des disparitions forcées, il n’emploie pas les bons moyens pour parvenir à l’objectif visé », a déclaré Alioune Tine, directeur du bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique centrale et de l’Ouest. 

« Des centaines de personnes sont arrêtées en l’absence de tout motif raisonnable permettant de penser qu’elles ont commis une infraction, et des morts en détention sont signalées chaque semaine dans les prisons surpeuplées du pays : le gouvernement camerounais doit agir de toute urgence s’il veut tenir la promesse qu’il avait faite de respecter les droits humains dans son combat contre Boko Haram »

Les conclusions des recherches d’Amnesty International sont publiées quelques semaines seulement après qu’un attentat-suicide perpétré à Djakana, près de Limani, a fait 11 morts. C’est la dernière attaque en date d’une longue série qui a provoqué la mort de 480 civils depuis le début de l’année. Sur les 46 attentats-suicides de Boko Haram, la moitié environ ont été perpétrés par des enfants. 

 

 

Entre octobre 2015 et juillet 2016, Amnesty International a rencontré plus de 200 personnes dans la région camerounaise de l’Extrême-Nord. L’organisation a recueilli des informations sur plusieurs centaines d’arrestations, s’est rendue dans des établissements pénitentiaires, a assisté à des procès et a rassemblé des éléments précis sur 82 cas individuels d’atteintes aux droits fondamentaux de la part des autorités et des forces de sécurité camerounaises. Elle a également analysé des images satellite d’un village où des maisons avaient été incendiées par les forces de sécurité. Les principales conclusions du rapport ont été reprises dans un courrier envoyé aux autorités camerounaises le 7 mai 2016, sans réponse à ce jour. 

Les exactions perpétrées par Boko Haram ont amené plus de 170 000 personnes au Cameroun, principalement des femmes et des enfants, à quitter leur foyer : elles sont à présent déplacées à l’intérieur de leur pays, dans toute la région de l’Extrême-Nord. Plus de 65 000 réfugiés qui ont fui les attaques du groupe armé au Nigeria vivent également au Cameroun. 

 

 

1 COMMENTAIRE
  • villageois

    sa c’est très méchant

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