« Quelques notes sur un mémorandum », Par Oumar Sarr Coordonnateur national du Pds

Quelques notes sur un mémorandum.
Je n’avais pas voulu écrire sur le mémorandum de ceux qu’on appelle aujourd’hui les frondeurs parce que je pensais qu’il y avait un espace de convergence possible et qu’il n’était pas de mon rôle de jeter de l’huile sur le feu. En vérité, je le pense encore mais le débat étant devenu publique, j’avais griffonné quelques mots sur une feuille. Je les transcris dans ma page facebook en évitant une polémique qui pourrait être nuisible.
Ce qui m’avait frappé dès ma première lecture, c’est le nombre d’auteurs cités. Oscar Wilde, Bernard Werber, Marguerite Yourcenar, Henry Ford, F. Nietzche, Mikhaïl Saltykov-Chtchedrine sont tous cités. Impressionnant, n’est-ce pas, pour un texte politique ?

J’avais pensé écrire par dérision un texte en citant les mêmes auteurs avec d’autres citations, par exemple pour Bernard Werber (et non Weber), “Seuls vos vrais amis savent où vous frapper pour que ça fasse mal.”, pour Marguerite Yourcenar “C’est au moment où l’on rejette tous les principes qu’il convient de se munir de scrupules.”, pour F. Nietzche “Nous ne croyons pas que la vérité reste encore vérité quand on lui enlève ses voiles.”, pour Oscar Wilde « N’importe qui peut sympathiser avec les souffrances d’un ami. Sympathiser avec les succès d’un ami exige une très délicate nature », pour Henry Ford “Avoir fait plus pour le monde que le monde n’a fait pour vous : c’est ça, le succès.”.

En fait, il suffit d’aller sur le site www.phraseculte.fr, de choisir un auteur et d’avoir toutes les phrases cultes de cet auteur. C’est aussi simple que cela. Si vous voyez que pour Mikhaïl Saltykov-Chtchedrine, il n’y a pas d’autres citations, c’est parce que dans ce site, il n’y en a qu’une seule, celle choisie par les pétitionnaires ! Il y en d’autres sur le net. Par exemple “A côté de ces familles favorisées par le sort, il en existe un grand nombre d’autres, aux représentants desquelles les pénates domestiques n’apportent dès le berceau qu’une éternelle infortune.”

Du point de la littérature, ce texte est bien écrit, il y a très peu de coquilles, il y a quand même œuvre colossal au lieu de œuvre colossale, toutes sorte avec un s manquant, CONCQUERANT au lieu de CONQUERANT certainement dû au vérificateur d’orthographe etc. Certains paragraphes sont inutilement longs et ennuyeux, et détachent de la lecture du texte. Bien sûr, nous sommes dans un parti politique. L’analyse littéraire n’est pas un critère déterminant d’appréciation.

De la nature du document
Nous disons tout de suite, nous ne comprenons pas pourquoi ce texte s’appelle « mémorandum ». Le texte commence par « Mesdames et Messieurs, Militantes et militants du PDS, chers sympathisants » et à plusieurs reprises ces termes sont répétés. Ce « mémorandum » est donc une adresse publique aux militantes et aux militants du PDS, une lettre ouverte aux membres et sympathisants du PDS.

Des mémorandums, nous en avons écrit et nous en avons beaucoup lu. Un mémorandum, en abrégé mémo, est un exposé sommaire d’un point de vue. Il doit faire l’état d’une question et justifier les mesures préconisées. Dans un tel document, nous nous attendions à avoir une description rapide de l’état du parti et des propositions pour redresser. Le mémorandum aurait dû être adressé au Secrétaire Général National pour exploitation. Et même s’il est publié, la forme devait être très différente.
Ce mémo est donc en réalité une lettre ouverte adressée aux militants de notre parti. C’est pourquoi d’ailleurs il a été intégralement publié dans la plupart des journaux. Et dès le moment qu’on comprend qu’il s’agit d’une lettre ouverte, la réponse « ouverte », publique du Secrétaire Général National est tout à fait naturelle. Le contraire eût étonné ! Les termes employés dans certaines réunions préparatoires des initiateurs du texte étaient plus conformes à la réalité : manifeste, pétition. Il s’agit assurément d’une lettre ouverte. Le terme mémorandum est trompeur.

Du contenu
Cette lettre commence par une citation d’Oscar Wilde. On nous dit, « vous, PDS, vous menez une existence dégradante, creuse et fausse qu’on vous impose. Il est temps de vivre votre propre vie pleinement, entièrement, complètement » . Ce sont les premiers mots de la lettre pétitionnaire. Terrible diagnostic, comme dirait l’autre ! Misérable est notre vie.

Ensuite, une première partie successivement :
– Dresse des lauriers au Président Wade avec plein de superlatifs et de flatteries.
– Fait une analyse très sommaire de la situation politique avec la crise du régime. Un mot est dit sur l’acharnement contre le PDS et la traque des biens mal acquis et la solidarité avec les détenus
– Constate que le PDS n’est pas aujourd’hui une locomotive de la démocratie sénégalaise et de défense des citoyens
Une deuxième partie remarque pêle-mêle :
1. « une léthargie profonde des structures, surtout à la base, où elles ne sont pas renouvelées depuis deux décennies » et il n’y a pas d’animation
2. un immobilisme dont le fait « d’abandonner la date du 8 août choisie initialement pour un congrès ordinaire » est un facteur aggravant
3. On se réunit en comité directeur pour répéter les mêmes choses depuis 2012 (!)
4. Des responsables qui gagnent dans leurs bases reçoivent comme émissaires des grands responsables et donneurs de leçons qui sont régulièrement battus dans leur bureau de vote.
5. Wade est un « patrimoine national voire africain et mondial », il doit être « dans le panthéon des grands hommes » et non plus « chef de parti » !

Des propositions des pétitionnaires
Avec le renouvellement du parti, six propositions de réforme urgentes sont listées par les pétitionnaires bien qu’ils ajoutent que « d’autres révisions, aussi pertinentes que celles que nous venons d’énumérer, pourraient être ajoutées à la liste »( !)
1. Revoir la configuration du comité directeur (article 21 des statuts)
2. Faire revenir le secrétariat national
3. Mettre en place une commission de révision du programme fondamental du PDS
4. Prendre en compte la parité dans la dévolution des responsabilités à l’intérieur du parti
5. Définir ou redéfinir les modalités « claires et démocratiques » de choix de nos candidats aux différentes élections nationales ( ?)
6. Séparer postures comme Président de la république et Chef de parti

Ce que j’en pense
Quand j’ai lu tout le texte, je me suis dit pourquoi. Tout ça pour ça. Il n’y a rien de véritablement nouveau. Certains d’entre nous ont écrit des articles d’analyse et de propositions pour notre parti sans tintamarre, sans conférence de presse, sans bruit assourdissant. Certains ont écrit au Secrétaire Général National sur l’état du parti.

Dans ma page facebook, vous trouverez des articles qui traitent de cette question et qui proposent par exemple la refondation. Un parti comme le nôtre, est à la croisée des chemins, c’est certain. Pourquoi refuser d’envoyer une lettre au Président Wade et lui proposer une rencontre pour échanger sur la situation et les propositions ? Pourquoi se réunir et s’organiser depuis des mois pour ça ? Pourquoi tout ce bruit ? Pourquoi donner l’impression qu’il y a une crise destructrice du PDS alors que l’on sait que ce n’est pas exact ? Aucune réponse sérieuse et honnête n’a été apportée jusqu’à présent à ces interrogations. Dans un tel contexte, chacun parle. Des rumeurs sont colportées, des « vérités » sont construites.

Farba Senghor a dans l’audience du président posé des questions sur quelques rumeurs entendues. J’en entends ! Un responsable politique qui n’est pas de notre parti m’envoie un message dans lequel il m’écrit « on vient de m’informer qu’il va quitter le PDS, il a été corrompu pour décapiter le PDS !!! Une autre source m’aurait dit que Macky le fait chanter parce que Fada aurait à son actif des biens cachés y compris à Berlin, il aurait surfacturé par du travail fictif du personnel sanitaire lorsqu’il était au ministère de la santé ».

Eh oui, c’est le temps des sycophantes !
Moi, personnellement, je ne crois pas à ces rumeurs. Je ne crois pas que le frère Modou Diagne Fada puisse tomber si bas. Il est un responsable du parti qui a beaucoup donné et qui, comme nous tous, a beaucoup reçu du parti. Toutes les responsabilités qu’il a aujourd’hui, c’est grâce au parti. Il le sait. Je ne crois pas qu’il puisse servir ou se rendre à l’adversaire pour ses intérêts. Je connais personnellement certains pétitionnaires et je sais qu’ils préfèrent mourir que d’en arriver là. La dignité n’a pas de prix.

Lou ka diar ?

Sur le constat, nous savons tous que notre parti doit impérativement avoir un cours nouveau. Le contexte politique de la défaite électorale inattendue de 2012 après 12 ans de pouvoir, la démission collective de la direction qui gérait le parti qu’en 2012, l’acharnement et l’emprisonnement de nos responsables ont été des facteurs handicapants. Le non renouvellement du parti depuis deux décennies est une difficulté que nous devons surmonter.

Sur les six propositions, seule la dernière pose un problème au parti et dans aucun pays au monde le problème n’a été réglé sérieusement. Nous ne sommes tout de même pas des philistins. Pourquoi tant de bruit sur des propositions sur lesquelles tout le monde peut s’entendre ? En plus, ils étaient tous au courant que nous étions en train d’avancer sur le renouvellement du parti, les cartes ont été commandées et livrées. Un secrétariat national est en chantier depuis deux mois, et cela tout le monde le sait. Fada lui-même en a parlé.

Nous ne sommes pas d’accord sur le diagnostic. C’est évident. Le PDS n’est pas un parti moribond. Il n’est pas en crise. Tout le monde sait que le PDS est le principal parti au Sénégal. Les élections le démontrent. La trajectoire ascendante de nos résultats depuis la défaite de mars 2012 est une réalité dans le pays. Nos meetings, nos marches, nos manifestations sont des réussites incontestables. Le Comité Directeur actuel a été le centre d’organisation, d’animation et d’orientation du parti. Je m’étonne que les pétitionnaires, notamment Modou Diagne Fada, aient cette vision du Comité Directeur.

Le PDS aurait dû faire mieux. Le PDS aurait dû arracher plus tôt la libération des otages et prisonniers politiques, et arrêter la défiguration de la démocratie sénégalaise. Des combattants sont tombés et emprisonnés. Je ne pense pas qu’on puisse citer un seul d’entre eux parmi les pétitionnaires. Notre rythme, il est vrai, n’a pas pu être accéléré. Notre responsabilité à nous tous, y compris les frondeurs, est d’une certaine manière engagée. Il faut remonter dans le temps pour comprendre certaines imperfections. Mais qu’est ce qui a empêché à nos détracteurs de faire des propositions d’action et d’être des locomotives pour le PDS ? Ont-ils été devant dans les luttes ? Les a-t-on tous vus ? Pour être crédible, il faut montrer l’exemple. C’est toute la question. Décidément, tout n’a pas été dit.

Le PDS continue, plus que jamais.
Oumar SARR

4 COMMENTAIRES
  • Atou

    analuse perinente bravo Omar Sarr

  • Samba sarr

    je ne suis d'aucun parti mais je suis d'accord sur toute la ligne. Bien analysé .
    "Lou ka diar ''

  • DIALLO SADA

    Oumar est sincère et patient c'est pourquoi. Merci coordonnateur

  • diddda

    Merci c'est pas pour que le vieux t'a choisi

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