Politique et justice sénégalaise: « l’instrumentalisation » au cœur du différend…

La question mérite d’être posée. Pourquoi les politiques ont la manie de se mettre à dos des magistrats? Le cas le plus patent, la démission du magistrat Ibrahima Hamidou Dème qui, au-delà de son caractère spectaculaire, met à nu le sentiment de méfiance, voire de suspicion, qui anime les justiciables à l’égard de leur justice. L’indépendance de cette institution suscite des interrogations. Un malaise secoue la justice sénégalaise depuis un certain moment. 

Président du Conseil d’Etat, le premier président de la Cour de Cassation, les premiers présidents des Cours d’appel, des procureurs généraux et des membres élus par les magistrats, composent le Conseil supérieur de la magistrature. Les membres du Conseil sont tenus par le secret professionnel, renseigne le journal L’Enquête. Le président du Csm reste le président de la République et son vice-président, le ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba.

Cependant, des incertitudes entourent ce système, surtout avec la démission du juge Ibrahima H. Dème de cette instance. La relation entre magistrats et pouvoir politique n’est plus, pour ne pas dire « n’a jamais été », au beau fixe. Une instrumentalisation de l’appareil judiciaire est décriée sur tous les toits.

Lors de la séance de dédicace de son ouvrage intitulé « Comment renforcer l’indépendance de la magistrature au Sénégal« ?, le juge Babacar Ngom, qui exerçait en ce temps, au Tribunal d’instance hors classe de Dakar, avait souligné la nécessité d’aller vers une réforme du Conseil supérieur de la magistrature, où le président de la République et le ministre de la Justice ne siégeraient plus. Les magistrats ont le sentiment d’être moins libres qu’ils ne devaient l’être. Une garantie de carrière insuffisante, selon certains d’entre eux, l’avancement des magistrats dépend des propositions envoyées, périodiquement, au ministre de la Justice, dont les choix sont bien souvent orientés politiquement.

Dans ce cas de figure, la bonne foi du ministre de la Justice est souvent évoquée. Mais quoi qu’on dise, les magistrats ne se sentent pas libres. Les dernières affectations de juges peuvent en attester.

 

 

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