Paix israélo-palestinienne: Etats-Unis et Israël hostiles à l’initiative française

Washington (AFP)-L’initiative française pour la paix entre Israël et les Palestiniens est vouée à l’échec car l’Etat hébreu refuse tout autre médiateur que les Etats-Unis, lesquels sont hostiles à “internationaliser” la recherche d’une solution au conflit, déplore Hussein Ibish, expert à l’Arab Gulf States Institute de Washington.

Et bien que Washington reste l’intermédiaire historique “indispensable” entre Israéliens et Palestiniens, ce spécialiste américain d’origine libanaise du Proche-Orient exclut que le président Barack Obama lance une initiative de la dernière chance avant de quitter le pouvoir en janvier.

QUESTION: La tentative de Paris pour relancer le processus de paix entre Israël et les Palestiniens, avec le projet de réunir une conférence internationale, a-t-elle la moindre de chance de produire un résultat tangible ?

REPONSE: Malheureusement, je crois que c’est très peu probable. Il y a deux camps dans cette affaire et il est probable que les Israéliens ne coopéreront pas en laissant une initiative française, à laquelle ils ne font pas confiance, créer un nouvel espace de dialogue pour la paix.

En outre, les Etats-Unis ne montrent pas d’enthousiasme à l’idée d’internationaliser le processus de paix et semblent plutôt vouloir préserver le vieux modèle triangulaire dans lequel ils représentent la principale tierce-partie. Même si ce modèle est totalement bloqué. Les obstacles me semblent donc insurmontables.

Q: Cela signifie-t-il que malgré l’échec de leur médiation en 2014, les Etats-Unis restent les partenaires indispensables du processus de paix israélo-palestinien? Et comment expliquer la réticence du secrétaire d’Etat John Kerry à assister à la réunion ministérielle prévue à Paris le 30 mai, finalement repoussée au 3 juin ?

R: Oui, si on est réaliste, pour bien avancer, il faut que les Etats-Unis restent les principaux intermédiaires. Pour trois raisons: la première, parce que les Israéliens ne font confiance à personne d’autre. La seconde, parce qu’aucune autre partie n’est en mesure de proposer ce que tous les camps réclament pour (qu’un accord) fonctionne. Enfin, la troisième raison est qu’aucune autre partie, y compris la France, ne veut et ne peut jouer ce rôle. Donc, oui, les Etats-Unis demeurent indispensables. Et même si cela crée autant de problèmes que cela n’apporte de solutions, il n’y a pas d’alternative crédible.

Le manque manifeste, et prévisible, de soutien américain à cette conférence découle de deux facteurs. En premier lieu, Washington ne veut pas internationaliser le processus et veut garder un rôle central. Ensuite, Washington ne croit pas qu’il y ait à l’heure à l’actuelle les conditions d’un succès et redoute, à raison, qu’un échec n’envenime les choses politiquement et sur le terrain.

Q: Le président Barack Obama lancera-t-il de son côté une ultime initiative avant de quitter le pouvoir?

R: J’en doute. Je le vois très soucieux de son héritage et je ne suis pas sûr qu’admettre les échecs passés de sa présidence contribuerait à façonner cet héritage. Ni même que réaffirmer les paramètres (de règlement du conflit) définis par (l’ancien président Bill) Clinton puissent bénéficier à cet héritage.

Je crois plus plausible que ce président ne prendra aucune ultime mesure majeure sur un sujet qu’il considère clairement comme étant extrêmement important mais, à l’heure actuelle, comme étant insoluble.

Source: AFP via Afrique360.com

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