Niary Tally, deux camps, deux imams, un poste

La tension était palpable hier, dans l’enceinte de la mosquée de Niary Tally, en proie à de chaudes empoignades et rixes opposant deux camps. Au centre de la discorde provisoirement étouffée par la police, le poste d’imam principal du lieu de culte, rapporte l’Observateur via Igfm.

 Empoignades, réprimandes, échanges d’insanités résument la bataille rangée qui a fini dans la rue, sous le regard médusé de passants. C’est l’affligeant spectacle qui a prévalu hier, après les prières du crépuscule et de «Guéwé» à la mosquée de Niary Tally. La pomme de discorde de ce pugilat, le poste d’imam principal de la «petite» mosquée dite Djake. Deux camps se sont affrontés, celui d’imam Sanoussi Dramé et celui d’imam Bibi Ndao. Le différend est d’une profondeur telle qu’hier, deux séances de prières de «guéwé» ont été distinctement présidées, dans la même mosquée par les deux imams qui ont failli en venir aux mains. L’incident a débuté dans l’enceinte du lieu de culte, s’est poursuivi dans la cour, puis dans la rue où les empoignades des fidèles ont été étouffées par l’intervention de la police. Le commissaire Sangaré de Grand Dakar a dû vider la mosquée de ses occupants.

Imam Dramé sur les contours de la brouille

«Je me nomme Sanoussi Dramé, imam à la mosquée de Niary Tally, depuis 2004, à la suite du décès de l’imam El H. Babacar Mbodj. A l’époque, j’avais été coopté parmi les imams de la mosquée et j’occupais la sixième position. Puis Bayla Kane, imam de la mosquée marché Nguélaw, qui devait succéder à Imam Mbodji, a cédé sa place à Imam El H. Takha Diop. Il faut noter qu’au sein de la mosquée, il a été convenu à l’unanimité que l’élection des imams n’est pas effectuée sur la base de la Chariya, mais plutôt sur une charte retenue collégialement. Cette résolution a été prise à l’érection de cette mosquée de Niary Tally en 1954, pour mettre un terme aux divergences nées de l’élection des imams et qui étaient devenues récurrentes. La charte en question stipule que face à l’indisponibilité d’un imam principal pour divers causes, dont le décès, l’imam adjoint lui succède et ainsi de suite. Ce principe a été retenu pour les deux mosquées (la grande et la petite dite djake).

En mars dernier, notre imam ratib, El Takha Diop, s’est éteint. Il s’est alors posé la question de sa succession. Certains dans l’assistance ont préconisé qu’on applique la Chariya, d’autres, l’application de la coutume basée sur la charte susmentionnée. Des noms d’imams ont été avancés : Imam Bayla Kane, le suivant direct du défunt imam, imam Bibi Ndao, imam Nourou Diop (frère de Takha Diop). Puis, il a été proposé à l’imam Kane de choisir ceux qui vont compléter la short-list des imams à élire. Il a demandé à réfléchir, tout en précisant que le même principe d’élection basé sur la charte sera de mise pour le choix des imams de la «petite» mosquée dite Djake.

Dans le même ordre, étant âgé, imam Djibril Wade qui présidait aux prières de la «petite» mosquée, avait demandé à être remplacé et préconisé que sa succession se fasse sur la base de la charte. Sur ce, imam Bayla Kane m’a désigné publiquement devant l’assistance constituée des imams et oulémas, déclarant que désormais c’est moi, imam Sanoussi Dramé, qui serait imam principal de la «petite» mosquée dite Djake.

Le lendemain, certains sont allés le voir, lui demandant de m’écarter de l’imamat. Il y a eu fuite, j’ai mené mes investigations et pour être édifié, en compagnie d’une forte délégation composée de jeunes et notables du quartier, j’ai été voir l’imam Bayla Kane qui a confirmé devant tous, que je suis bien l’imam principal. Le vendredi suivant, au cours de la grande prière, Imam Kane a évoqué la question et m’a confirmé, devant l’assistance, imam de la pette mosquée. Curieusement, lors de la grande prière de vendredi dernier, l’imam a demandé à s’adresser à l’assistance, pour information importante, dont il a laissé l’imam Bibi Ndao le soin de révéler la teneur. L’imam Bibi Ndao a sorti une feuille et désigné deux imams, me reléguant à la troisième position. J’ai pris le micro et dénoncé ces pratiques peu orthodoxes qui ont conduit à ma relégation comme troisième imam, en lieu et place d’imam principal de la «petite» mosquée.

Depuis ce jour, l’imam Bibi Ndao, imam de la mosquée de Grand-Dakar, déserte sa mosquée, pour venir présider la prière dans celle de Niary Tally. Pour ne pas répondre à la provocation, je lui cédais à chaque fois, la place. Le problème s’éternisant, j’ai convoqué une réunion de sensibilisation, en présence de la police.

Hier, à l’heure de la prière du crépuscule, imam Bibi Ndao est arrivé en retard. J’ai réuni les fidèles. Alors que j’entamais la prière, il est venu, a forcé le passage et arrivé à ma hauteur, m’a empoigné, devant les fidèles qui s’apprêtaient à prie et arraché le micro. Je me suis calmé, pour éviter une empoignade aux conséquences fâcheuses. L’assistance est intervenue et je lui ai cédé la place, en respect de la sacralité des lieux. A la fin de la prière, j’ai pris le micro pour l’appeler à la raison», a révélé l’imam.»

1 COMMENTAIRE
  • talibecheikh

    ou sommes nous?

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