Lettre ouverte d’un magistrat à ses collègues…

Cher collègues,

C’est avec amertume que je suis en train de rédiger ces quelques lignes pour vous interpeller publiquement, tout le pays a les yeux rivés surtout sur nous magistrats en ce moment.

Sans vouloir m’immiscer dans le travail de certains collègues ni leur donner de leçons, je suis cependant très mal à l’aise par les actes posés par certains d’entre nous depuis quelques temps.

Etre quelques fois aux ordres de l’exécutif cela nous arrive à tous et nous devons le reconnaître publiquement car les hommes politiques qui en ont usé durant les régimes successifs de 1980 à nos jours le savent et jugent l’indépendance, la probité morale ainsi que l’intégrité de beaucoup d’entre nous forcément sous cet angle.

Il est vraiment temps d’ailleurs à mon avis est que ce débat soit posé sur la table et faire l’objet d’un consensus afin que de telles choses ne puissent plus se reproduire à moins qu’il ne s’agit de préservation de nos institutions ou de la sécurité nationale du pays.

Un jeune étudiant en droit à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar se destinant à notre corporation m’a interpellé jeudi soir me disant que quelques-uns de ses camarades et lui-même étaient choqués de voir comment certains magistrats sénégalais semblent être aux ordres de l’exécutif.

Selon lui tout praticien du droit qui aurait suivi le déroulé des débats ce jeudi 12 mars aurait conclu que le substitut du procureur a usé de manière flagrante de manœuvres dilatoires en affirmant avoir reçu de l’accusation des documents en cours d’audience et aurait besoin de les étudier avant de se prononcer.

Poursuivant il rajouta que le bon sens aurait voulu que le parquet qui est normalement dans ce procès du côté du plaignant verse ces documents aux débats et non demander un renvoi qui semble est perçu par une bonne partie de ces camarades et d’ailleurs généralement par l’opinion publique comme une nouvelle manœuvre pour empêcher le jugement du sieur Papa Alboury Ndao avant le verdict de la CREI.

Tentant de démonter cet argumentaire venant d’un jeune étudiant en droit, je rétorquais que dans ce cas précis le juge n’a fait que suivre l’accusation qui comprend aussi les avocats du sieur Karim Wade et qu’il ne saurait donc parler d’un juge aux ordres.

Et la liberté du juge du siège me répliqua t-il en me disant que le juge ne pouvait ignorer que son jugement ne peut en aucun cas être dissocié de celui de la CREI donc n’était pas obligé d’accéder à la requête de renvoi.

Donc un vrai juge indépendant et soucieux de la justice aurait refusé un énième renvoi du procès du sieur Karim Wade contre le sieur Papa Alboury Ndao ou à défaut fixé une date avant le 23 mars. J’avoue que cette réplique m’a ôté toute nouvelle envie de revenir à la charge car mal à l’aise.

Chers collègues juges du siège dans ce dossier Karim Wade et ses complices présumés comme dans toutes les affaires dont nous avons à connaître tout au long de notre carrière, c’est normalement le droit et la loi simplement qui doivent nous lier à l’exécutif afin de rendre la justice au nom du peuple sénégalais.

Il est vrai qu’un grand nombre de magistrats ne cautionne nullement ce qui sans langue de bois, peut être assimilé à une dérive politico-judiciaire depuis quelques temps et notre plan de carrière ne doit pas prendre le pas sur notre sacerdoce qui se doit être la justice et seulement elle.

Il est vrai que les textes organisant la magistrature maintiennent encore celle-ci sous un lien hiérarchique de fait avec l’exécutif mais cet état de fait ne doit pas concerner la prise de décision du juge car elle relève de sa seule conscience et surtout qu’il n’a de compte à rendre à personne contrairement à son collègue du parquet.
L’avènement de l’État de droit au Sénégal ne peut se produire sans que nous magistrats y contribuons et ce processus ne peut avoir comme préalable qu’une application rigoureuse de la loi pour toutes et tous et rendre la justice de manière équitable.

Nous juges sommes pourtant naguère respectés sommes tant désavoués aujourd’hui par l’opinion publique sénégalaise et il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas le voir et l’entendre c’est à cause de notre incapacité à être à la hauteur des attentes de la part de nos concitoyens pour une justice véritable.

Des libertés publiques au contentieux électoral nos jugements ont souvent eu des considérations politiques au lieu de se baser uniquement que sur des fondements strictement juridiques. L’UMS se doit de tirer la sonnette d’alarme car dans certains pays pas si éloignés la dissimulation du caractère politique de décisions juridictionnelles a conduit au chaos et des juges ont dû se dédire afin de ramener la paix.

Un Magistrat frustré

Source: Xibaaru

14 COMMENTAIRES
  • lune

    C'est quoi ça ? On a le courage d'envoyer une lettre à ses collègues , on a le courage de lâ publie sur les réseaux , mais on a pas le courage de signer de son nom . De qui se moque t – on ?

  • osseyni

    C'est normal dans un pays où la normalité est une denrée rare.

  • sow merien

    Tu devrais toi meme avoir le courage de dire que tu es un leche… des Wade car charite bien ordonne commence par soi.

  • vrai citoyen

    ce magistrat encagoulé ne mérite que mépris. c le clan des wade qui est dans ses oeuvres. vil type

  • diddda

    pourtant il n'a rédigé que les réalités qui existent dans notre pays aujourd'hui soyons sérieux et raisonnable certains magistrats ne suivent que l'exécutif et ils salissent les noms de certains magistrats et certains magistrats comme Henri Grégoire Diop salissent le nom de notre justice

  • Badolo cie Néwdolé

    Seule une justice indépendante peut nous redresser ! La jalousie,la haine et l'ignorance nous empêche d'être équitable et honnête !

  • mdr

    Il n'es même pas magistrat ce gas la es manipulateur

  • mdr

    Il n'es même pas magistrat ce gas la soyons sérieux on es dans une république c pas seulement Karim qui es citoyen

  • Badolo cie Néwdolé

    Mais! Une conscience claire ne manipule personne ! Soyons sérieux ..,

    • Mac

      Thiey sénégal réwou ratatati rek

  • Badolo cie Néwdolé

    Senego ! Nous sommes démocrates ! La peur est dans le cœur de celui qui ignore son destin ! Nous sommes à Dieu et nous retournerons à Lui!

  • DEUKHINE MBEUP

    Un magistrat frustrè, non !!!!! J,aurais aimer entendre un magistrat KARIMISTE ,,,,, COUILLON ,,,,,

  • insaciss

    Ces propos n'ont pas de sens s' il n'a pas le courage de dévoiler son identité.Cela montre à quel point il est malhonête .S'il était celui qu'il pense nous faire comprendre il devait avoir le courage et faire comme le colonel Ndaw.

  • insaciss

    lune, tes questionnements sont pertinents, j'aime les gens qui usent la reflexion car même Allah parle avec les hommes intelligent.Vive le réveil de la consience! !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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