Kenya: les autorités ont identifié l’un des assaillants de l’université

Nairobi (AFP) – Les autorités kényanes ont annoncé avoir identifié l’un des quatre assaillants dont les corps ont été retrouvés à l’issue des 16 heures de siège: il s’agit d’un jeune Kényan d’ethnie somali, diplômé en droit et apparemment promis à un brillant avenir.

« L’un des quatre shebab qui ont attaqué l’université de Garissa (…) a été identifié comme Abdirahim Abdullahi », originaire de la région de Mandera, située dans l’extrême nord-est du Kenya, frontalière de la Somalie, selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Mwenda Njoka.

« Abdullahi était diplômé de la faculté de droit de Nairobi et décrit par quelqu’un qui le connaît bien comme un futur brillant juriste », a-t-il ajouté.Son père, un responsable local d’une circonscription du comté de Mandera, « avait signalé aux autorités que son fils avait disparu et qu’il soupçonnait le garçon de s’être rendu en Somalie », a poursuivi M. Njoka.Selon un proche, Abdullahi avait disparu depuis 2013.

Les autorités tentent toujours d’identifier les trois autres corps des assaillants présumés et, à la morgue de Nairobi ou auprès de la Croix-Rouge, des centaines de Kényans dans l’angoisse cherchaient toujours à savoir ce qui était arrivé à leurs proches.

La presse locale a critiqué dimanche la lenteur de la réaction des autorités au moment de l’attaque, les forces spéciales ayant mis au moins sept heures jeudi pour se déployer face au commando d’islamistes somaliens.

« Il s’agit d’une négligence qui frise l’acte criminel », affirme un éditorial du grand quotidien kényan Nation, rappelant que les « hommes armés qui ont tué des dizaines d’étudiants avec un plaisir évident ont pris tout leur temps ».

Un deuil national de trois jours a commencé dimanche à la mémoire des 148 victimes, dont 142 étudiants, chrétiens en majorité, tués par des islamistes somaliens shebab.Les drapeaux ont été mis en berne.

– Menaces des shebab –

 

Nairobi mène depuis fin 2011 une intervention militaire dans le sud de la Somalie pour combattre les shebab, et ces derniers ont encore menacé samedi le Kenya d’une « longue, épouvantable guerre ».

Dimanche, aucune cérémonie officielle de deuil n’a été organisée, mais les chrétiens se sont rassemblés dans les églises pour la traditionnelle messe pascale, pour des prières largement consacrées aux victimes de Garissa.

« Les terribles événements de Garissa sont encore frais dans nos esprits et dans nos coeurs, mais aujourd’hui est un jour de nouvel espoir », a déclaré l’archevêque anglican Eliud Wabukala dans son sermon dans la Cathédrale de Tous les Saints de Nairobi, bondée.

« Les terroristes veulent provoquer la peur et la division dans notre société, mais nous devons leur dire +vous ne vaincrez pas+. »

La veille, le président Uhuru Kenyatta avait appelé à l’unité entre communautés chrétienne et musulmane.

« Notre colère justifiée ne doit déboucher sur aucune stigmatisation », a exhorté le chef de l’Etat en référence aux musulmans, Somaliens ou Kényans d’ethnie somali, souvent dénoncés ou victimes d’abus policiers après de telles attaques.

Hassan Ole Naado, un dirigeant du Conseil suprême des musulmans du Kenya a aussi mis en garde contre les haines entre communautés religieuses dans un pays qui se revendique chrétien à 80% mais où vit une importante communauté musulmane.

« Le Kenya est en guerre, nous devons tous rester solidaires », a-t-il dit, mettant en garde contre l’objectif des shebab qui est selon lui « de créer un conflit religieux ».

Depuis Rome, dans son message « urbi et orbi », le pape François a demandé au monde entier de prier pour les victimes des violences sur le continent africain: « Qu’une prière incessante monte de tous les hommes de bonne volonté pour ceux qui ont perdu la vie – je pense en particulier aux jeunes qui ont été tués jeudi à l’université de Garissa, pour tous ceux qui ont été enlevés. »

Devant la Cathédrale de Tous les Saints, protégée par des policiers armés et des membres de la paroisse fouillant les fidèles à l’entrée, Anthony Mwangi, 50 ans, estimait que le pays « sortirait plus fort (…) de ce qu’il traverse (…) Ressortir plus fort, c’est le message de Pâques ».

Source: AFP via Afrique360.com

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