[Jeunesse et Entrepreneuriat] – Carte sur table avec Nourou Niang, Coordonnateur du RAJES

« Jeunesse et Entrepreneuriat » dans sa mission de lever le voile sur les différentes activités des jeunes, est partie à la rencontre d’un mouvement mis en place par M. Nourou Niang dans le cadre de promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes du pays. Le Rassemblement des Jeunes Leaders pour l’Emergence du Sénégal (RAJES), puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été créé le 10 juin 2016 et officiellement lancé un (1) an plus tard, précisément le 10 juin 2017.

Comment fonctionne le RAJES ?, qui peut être membre ? Quelles sont les missions du mouvement ? Autant de questions qui trouveront des éléments de réponses dans un  entretien que M. Nourou Niang, le coordonnateur dudit mouvement nous a accordé. Nourou Niang passe également en revue leurs douze premiers mois d’existence. Notre invité, âgé de 28 ans, marié et père de 02 enfants est originaire de la Commune de Nabadji Civol dans le département de Matam, précisément du Village de Boynadji où il milite. Il a fait ses études supérieures en Master 2 en Audit et Contrôle de Gestion à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Entretien…

 Présentation du RAJES

Le Rassemblement des Jeunes Leaders pour l’Emergence du Sénégal (RAJES ) est un mouvement national créé le 10 juin 2016 et a été officiellement lancé un (1) plus tard précisément le 10 juin 2017 lors d’un forum du leadership jeune organisé au Grand-théâtre sous la présidence d’honneur du Maître Malick SALL, Avocat à la Cour et Parrain de la journée et Monsieur Abdoul Aziz DIOP, ancien porte-parole du mouvement M23 et actuel Conseiller Spécial à la Présidence de la République. Le RAJES est présent dans 09 régions sur les 14 que compte le Sénégal et est aussi représenté dans la diaspora précisément au Congo et en France.

 

Pourquoi RAJES ?

Le mouvement RAJES est né dans un contexte connu de tous et qui se repose essentiellement sur un trépied. Depuis l’indépendance, le Sénégal a connu plusieurs transformations structurelles et sociologiques profondes. Mais ces processus enclenchés par des réformes politiques n’ont pas entrainé une participation significative des jeunes des deux sexes aux élites politiques locales et nationales. La jeunesse sénégalaise de façon générale est confrontée à de nombreux problèmes socio-éducatifs, économiques et culturels. Sa majorité se trouve dans une situation précaire. Elle est souvent marginalisée et son intégration dans le développement reste un défi à relever.

Au niveau politique les choses ne s’améliorent pas, ce qui a fait que la majorité des jeunes ruraux se désintéressent de la politique par simple indifférence, par méfiance ou même parfois par cynisme. Ce désintérêt se manifeste concrètement par l’abandon du droit de vote ce qui baisse encore plus leur pouvoir politique et taux de participation au vote.  Cette chute du taux de participation est également due à la non implication ou parfois à la marginalisation du rôle que pourraient jouer les jeunes dans la gouvernance locale. Ceci dit une relecture du rôle de la jeunesse se pose avec acuité dans tous les niveaux.  Face à une telle situation il fallait en un moment donné, prendre un recul et réfléchir sur de nouvelles stratégies permettant aux jeunes de s’intéresser et de s’impliquer davantage dans la vie socio-économique, politique et culturelle de notre pays.

Vous avez comme objectif de promouvoir un leadership jeune pour une gouvernance locale. Quels sont les moyens et compétences dont vous disposez pour atteindre cet objectif ?

Certes nous n’avons pas assez de moyens de notre politique de jeunesse mais cela est possible dans la mesure où, d’une part les jeunes accepteraient de se former, d’entreprendre, de passer à la revue du rôle qu’ils devaient jouer dans la société, de prendre en main leur destin et de s’imposer pour être impliqués dans les instances de prises de décisions les concertant.

Et d’autre part que le gouvernement et parlement national acceptent de revoir le cadre juridique en appliquant :

  • L’alignement de l’âge minimum pour voter et de l’âge minimum pour se présenter aux élections ;
  • L’introduction de quota de jeunes à l’image de la parité hommes-femmes dans les lois électorales ; et
  • L’identification et la suppression des obstacles légaux spécifiques au contexte empêchant la participation des jeunes, afin, par exemple de faciliter l’enregistrement des organisations de jeunes.

Combien de personnes êtes-vous au sein du RAJES ?

A peine un (1) an d’existence, nous sommes déjà des milliers à adhérer à ce projet de jeunesse. En effet, en dehors de la diaspora précisément en France et au Congo, le RAJES est présent dans 09 régions sur les 14 que compte le Sénégal. Vu que nous venons à peine de commencer à vendre des cartes de membre pour constituer notre base de données, il est impossible de donner en ce moment précis un nombre exact.  Néanmoins, à l’instar de la coordination nationale, nous avons prévu de mettre en place les délégations départementales et de la diaspora pour nous servir de relais auprès des populations concernées.

Comment jugez-vous l’entrepreneuriat des jeunes sénégalais ?

L’entrepreneurship des jeunes sénégalais des deux sexes, dominé en majeur partie par le secteur informel, souffre d’énormes difficultés parfois liées à l’accès aux formations adaptées aux métiers sur le marché du travail, au manque de volonté des jeunes parfois dû à la précarité de leur situation socio-économique. Pour autant, les jeunes ne doivent pas baisser les bras. Il faut qu’ils apprennent à entreprendre, à passer du statut demandeur d’emplois à celui du créateur d’emplois. A saisir les opportunités qui leur sont offertes pour se former, élaborer des business plan bancables et se formaliser à l’APIX ou à la Chambre de commerce en moins de 48 heures, etc.

Les difficultés que vous rencontrez avec RAJES

La majorité de la jeunesse reste instrumentalisée et ne sert que de force motrice de compagnes électorales à des politiciens véreux et insoucieux du devenir du pays. Aujourd’hui nous assistons d’une part à un éveil de conscience chez les jeunes et ceci nous permet facilement de les amener à faire face à la réalité et prendre leur destin en main. Et d’autre part, les responsables politiques hésitent à nous rencontrer car certains pensent que nous sommes venus pour leur combattre et prendre leur place. Alors qu’au-delà des clivages politiques qui existent, nous ambitionnons de devenir des relais des projets et programmes de l’Etat pour ls suivi et la réussite du fameux Plan Sénégal Emergent. A cet, nous sommes tenus à faire preuve d’ouverture et à collaborer avec tous les régimes en place pour l’Emergence du Sénégal.

La difficulté majeure que nous rencontrons reste les moyens. La plupart des membres du RAJES sont soit à l’université, dans des instituts de formation ; soit en situation de chômage. Ce qui fait que, nous sommes obligés à chaque fois que le besoin de mener des activités se présente, nous sommes obligés de solliciter l’appui des institutions, des bonnes volontés et des responsables politiques. Conscients de cet état de fait, nous avons commencé à nous constituer sous forme de GIE afin de pouvoir créer des activités génératrices de revenus et rendre autonome financièrement le RAJES.

Jugez-vous satisfaisant les mesures de l’Etat vis–à-vis des jeunes entrepreneurs ?

L’emploi des jeunes de façon globale demeure un défi universel et L’Etat du Sénégal en a su faire une priorité nationale en mettant en place des structures qui s’occupent exclusivement de la promotion de l’employabilité des jeunes et qui facilitent les conditions d’accès au crédit. Parmi lesquelles structures, nous pouvons citer l’ANPEJ, le PRODAC, l’ADPME, le FONGIP, la BNDE, etc. Nonobstant ces mécanismes, les jeunes rencontrent toujours difficultés liées à l’accès à l’information sur le marché du travail, au crédit, bref à l’emploi et préfèrent souvent se lancer dans des aventures trop risquées.

En tout état de cause, la croissance est nécessaire pour tous les êtres humains. Il faudrait former les jeunes, non seulement pour qu’ils trouvent un emploi, mais aussi pour qu’ils changent le monde. Certes apprendre à trouver un emploi est utile, mais nous avons plus besoin de créateurs d’emplois que de demandeurs d’emplois. Les jeunes devraient être encouragés à mettre à profit leur créativité illimitée pour résoudre les problèmes qui gangrènent notre pays au lieu d’apprendre à résoudre des équations du second degré.

Les secteurs porteurs de croissances au Sénégal selon vous ?

Bien qu’il reste beaucoup de choses à faire mais force est de constater que l’Etat du Sénégal est en train de mettre en place les conditions de réussite des petites et moyennes entreprises sur tout le territoire sénégalais à travers le Ministère de la Jeunesse avec l’ANPEJ et le Programme des domaines communautaires, le PUDC avec les pistes de productions rurales, l’électrification, l’accès à l’eau potable, les aménagements hydroagricoles etc.

Je pense qu’aujourd’hui nous devons comprendre que l’Etat ne peut pas garantir l’emploi à tous les jeunes des deux sexes. Il leur appartient désormais d’aller vers ces structures précitées pour avoir la bonne information, de changer de paradigme et de s’intéresser davantage aux secteurs porteurs de croissances et pourvoyeurs de l’emploi tels que l’Agriculture, l’élevage, la pêche, l’artisanat….

Quelle analyse faites-vous de la participation des jeunes dans la gestion des collectivités locales ?

Nous ne sommes pas du tout contents du bilan dans certaines de nos collectivités locales. Les jeunes sont laissés à eux-mêmes, ils sont marginalisés, ignorés et écartés dans les systèmes de décisions les concernant. Et nous ne méritons pas cela. Les actions menées pour les jeunes devraient avoir pour objectif, leur autonomisation afin d’assurer leur pleine participation à la vie politico-sociale en tant que partenaires utiles et à part entière. Mais aussi rendre les jeunes autonomes, c’est les aider à mettre leurs forces au service du développement : il faut leur ouvrir les portes, répondre à leurs préoccupations et à leurs attentes, et les encourager à développer des compétences utiles et durables. Cette approche se doit d’être holistique de façon à toucher l’ensemble de la jeunesse, ce groupe en constante évolution.

Un message à tous les jeunes sénégalais qui veulent rejoindre vos rangs ?

Jeunesse sénégalaise, permettez-moi à travers cet entretien de m’adresser à vous, non pas en tant que coordonnateur du RAJES, mais en tant que frère. L’heure est à la mobilisation générale !

Nous n’avons pas choisi d’être de jeunes porteurs de voix pour avoir peur de notre futur.

Nous leur avons fait confiance, ils ont réussi à nous écarter,
Nous leur avons donné nos voix, notre temps et notre énergie, ils n’ont pas tenu leurs promesses,
Nous les avons soutenus, ils nous ont abandonné,
Que pouvons-nous espérer de plus d’eux.

Allons-y, et n’attendons personne ! Prenons notre avenir en main et que plus personne ne nous arrête. Soyons BONS !!!

Nous sommes et demeurons la force de propositions et de réformes. Nous devons nous battre et gagner notre place.

Un nouveau-né s’allaite, un pays sous-développé se réforme. Nous devons opérer nos propres ruptures, nous organiser et nous approprier le Plan Sénégal Emergent afin de mériter ce lège que nos parents nous auront laissé.

Un coup de cœur

Permettez-moi de remercier avant de finir cet entretien, à tous les membres du RAJES et particulièment le secrétaire général, Cissé Seck, qui a été le premier à partager ce projet de jeunesse. Remercier également à tous partenaires techniques, nos leaders et responsables politiques qui ne ménagent aucun effort pour nous soutenir dans toutes nos entreprises.

Un mot sur les prochaines Législatives ?

Nous voulons attirer l’attention des responsables de la coalition Benno Bokk Yakaar que la jeunesse devait être sur les listes. Neanmois, nous apportons tout notre soutien à Benno Bokk Yakaar.

 

Les jeunes si vous avez l’impression d’être trop petits pour changer les choses, c’est que vous vous trompez. Essayez de dormir avec un moustique et vous verrez lequel des deux empêchera l’autre de dormir.

La jeunesse, mon leader. Le PSE, ma référence

Rubrique animée par Ankou Sodjago (sodjagojustin@gmail.com)

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