Gambie : vers l’abrogation de la peine de mort

Le gouvernement gambien a fait un pas de plus vers la fin de la peine de mort dans le pays. Lors de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, le président Adama Barrow a signé une série de cinq traités, dont un protocole optionnel visant à mettre fin à la peine capitale. La dernière exécution dans le pays remonte à 2012 : neuf détenus avaient été fusillés. Cette signature est une grande nouvelle pour les défenseurs des droits de l’homme du pays.

De nombreux activistes sont agréablement surpris par cette décision du président. Comme Madi Jobarteh, en charge des programmes de Tango, l’organisation qui regroupe les ONG du pays : « Je suis fier de cette avancée. Je ne pense pas que la peine de mort dissuade les crimes. Et en cas de mauvais procès, un innocent peut être condamné à mort. Je ne pense pas que le système judiciaire devrait reposer sur l’idée de vengeance. »

Mais ce changement est loin d’être souhaité par tous les Gambiens. Lors d’un récent procès contre d’anciens agents de Yahya Jammeh, des manifestants ont réclamé la peine de mort contre les accusés. Mariama Saine, opposante politique, a été torturée et a perdu sa mère sous l’ancien régime. Mais elle a revu sa position sur le sujet. « Je faisais partie de ces gens qui étaient vraiment très en colère, et on est humains, les émotions peuvent l’emporter, confie-t-elle. Mais finalement, tuer ne résout rien. Et nos enfants se souviendront de nous pour notre brutalité. Donc je suis plus à l’aise avec l’idée de prison à vie. »

La signature de ce traité est très symbolique. Mais ce n’est que la première étape rappelle, le directeur de l’Institut pour les droits de l’homme et le développement en Afrique, Gaye Sowe : « Le pouvoir de ratifier est entre les mains de l’Assemblée nationale. Et ensuite il faut l’appliquer. Donc l’Assemblée nationale devra voter une loi spécifique pour que la peine de mort soit abolie. »

Parmi les autres traités signés se trouvent aussi des textes contre les disparitions forcées et pour la protection des droits des migrants.

(RFI)

COMMENTAIRES
    Publiez un commentaire