Etablissements de Santé : Drames, Pilotage à vue, quête d’une certification citoyenne qui fait défaut…

Une information qui a échappé à la vigilance de bon nombre de Sénégalais. Et il a fallu la sortie de l’expert en management stratégique global et en intelligence économique, Amath Soumaré pour relancer le débat sur le drame survenu à l’hôpital Abdou Aziz Sy de Tivaouane. Il parle désormais de 17 morts, au lieu de 11. Six (6) victimes qui n’ont pas été, officiellement déclarées, si ses déclarations sont avérées.

Quid du « Diakhal » du Chef de l’Etat qui, rappelons-le, a remis 22 enveloppes, si on compte 2 pour chaque famille.

Et malgré le limogeage du ministre de la Santé, ancien maire de Yoff, Abdoulaye Diouf Sarr, le débat persiste. Faut-il seulement s’en arrêter là ? Le limogeage de Diouf Sarr suffit-il pour remédier à ce fléau dans le secteur de la Santé ? Ne faut-il pas faire un audit approfondi pour situer les responsabilités, de la hiérarchie au plus bas de l’échelle ? Ce, sans cette-fois-ci garder sous le coude certains rapports, dans ce secteur de la Santé, pour protéger des responsables, entre autres clientèles politiques et ne pas jeter en pâture le personnel soignant comme agneau du sacrifice.

Le secteur de la Santé souffre. En attestent les nombreux drames en série notés depuis un moment, dont l’incendie survenu à l’unité de néonatologie de l’hôpital Maguette Lo de Linguère qui avait tué 4 bébés et blessé 2 autres ; l’affaire du bébé mort asphyxié à la clinique de la Madeleine à Dakar ; mais aussi la mort de Astou Sokhna à Louga, entre autres. Des scandales à répétition qui montrent l’état, plus que désastreux, de notre système de santé.

« C’était prévisible !!! » Ce fut une des premières réactions, après le drame de l’Hôpital Dabakh de Tivaouane, 11 bébés (voir 17) morts calcinés dans un incendie, la goutte d’eau de trop qui a fait déborder le vase. Et c’est Serigne Cheikh Tidiane Sy Al-Amine qui est monté au créneau. Et ils étaient nombreux à alerter avant que le pire ne se produise. C’est le cas du Khalif Général des Tidianes, mais aussi la parlementaire de Tivaouane, Yéya Diallo (Bby)…

On ne saurait nier la volonté politique de nos autorités à investir dans des infrastructures de santé de « qualité ». Et comme l’a rappelé Ismaila Madior Fall, « dès son accession au pouvoir, en 2012, le Président Macky Sall avait lancé beaucoup d’Assises y compris les Assises de la Santé. Quand on a fini les Assises de la Santé, on avait déjà une idée des problèmes. On ne peut pas tous les évoquer ici, mais il est clair que déjà on savait qu’il y avait un problème de vieillissement de l’infrastructure sanitaire« . Et depuis lors, la plaie reste béante.

Et pas que, d’après toujours l’ancien ministre de la Justice, « 6 mille agents de santé ont été recrutés, 1200 médecins, 125 pharmaciens, 130 chirurgiens-dentistes, à peu près 2 mille paramédicaux. Autrement dit, il a doté les infrastructures de ressources humaines. On a financé la formation des spécialistes à hauteur de cinq milliards F CFA« . Une ressource humaine, elle aussi pointée du doigt, quand certains syndicalistes de la Santé aussi accusent nos autorités de vouloir parasiter ce secteur en casant une certaine clientèle politique, sans qualification requise.

Ainsi, d’après un rapport d’audit sur le système hospitalier et la Santé, « les constats faits du management du système hospitalier montrent qu’il faut oser, rigoureusement appliquer les textes et réformer en urgence et en profondeur« . Soit, « dans un bref délai« , faire le bilan de la situation hospitalière sur 10 ans ou 5 ans, relativement sur certains points. Dont, selon toujours ce rapport lu par Pape Alé Niang, l’investissement dans des plateaux techniques…. Mais aussi sur le personnel médical universitaire et non universitaire, personnel paramédical, personnel administratif qualifié (…), budget-répartition géographique, entre autres.

En effet, cet audit permettrait, de prime abord, de se rendre compte que l’hôpital est certainement la meilleure caisse de résonance de la disproportion entre missions, moyens et résultats et de cerner les enjeux liés à ces trois (3) paramètres. Pour ainsi dire que les résultats escomptés ne sauraient être satisfaits à cause du peu de moyens mis à leur disposition.

Et pas que, car l’une des causes profondes de la situation « déplorable » que vivent nos hôpitaux publics, reste la pollution de la fonction hospitalière par l’administration : « Les directeurs d’hôpitaux mettent en œuvre de nombreuses délibérations du conseil d’administration qui violent les textes législatifs et réglementaires en vigueur, applicables en gestion hospitalière… Les prérogatives données aux directeurs d’hôpitaux, du reste très mal formés, qui n’ont aucune maîtrise des textes qui fondent la gestion de l’hôpital, ont favorisé des abus, surtout dans le recrutement du personnel et les usagers payent un très lourd tribut… Les ressources humaines ne sont pas de qualité et posent, dans ces rapports quotidien avec les usagers, des problèmes éthiques graves« .

Pour ainsi dire que le mal est profond. Le fléau reste évident. Il s’agit, particulièrement, de doter nos hôpitaux de structures de santé de qualité, mais surtout revoir le rapport patient-personnel de santé qui, jusque-là, laisse à désirer. Tout en espérant que l’entrée en jeu de l’Ige et de la Dic puisse faire jaillir un brin d’espoir dans l’amélioration de notre système de santé.

Wait and see !!!

Khalil Kamara (khalilkamara18@yahoo.fr)

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