Emmanuel Macron fera-t-il mieux que ses prédécesseurs en matière de Politique migratoire

Après les annonces du chef d’État, le 27 juillet, sur la politique migratoire de la France, ce journal burkinabé salue une volonté d’avancer. Mais l’éditorialiste craint que ces mesures n’en restent au stade des déclarations d’intention.
Le président de La République en marche veut changer la démarche de l’immigration. Au lieu que les migrants viennent à la France, c’est la France qui ira aux migrants. Au lieu que les Africains viennent sur le sol français, c’est la France qui ira sur le sol africain les chercher. C’est la substance du discours qu’on peut retenir de ce que le président Emmanuel Macron a laissé entendre à Orléans le 27 juillet.

Comment va-t-il mettre en œuvre cette belle détermination ? D’abord, les délais d’examen des dossiers des migrants vont être réduits. D’un an et demi, ils passeront à six mois. Procédure accélérée donc. Autre chose, une différence sera faite entre les migrants économiques et ceux qui demandent l’asile politique.
Enfin, le plus jeune président que la France ait jamais connu va rapprocher les centres d’examen des dossiers de migrants aux aspirants à l’immigration. C’est ainsi que ces “hotspots” seront installés au Niger, au Tchad et en Libye pour s’occuper du million de personnes qui attendent de franchir les frontières de la France.

L’idée est bonne. Éviter à des hommes, des femmes et des enfants de risquer leurs vies dans les mers, empêcher de nourrir les veines du terrorisme, des trafics en tout genre et du grand banditisme et redonner une image beaucoup plus humaniste à la France, tout en s’assurant de contrôler ce qui rentre sur le territoire, cela a beaucoup d’avantages. Enfin, cette belle ambition permettrait de soigner la béante plaie laissée par la fameuse “immigration choisie” d’un certain Nicolas Sarkozy.

Mieux que Rocard et Hortefeux ?

À la vérité, si le candidat Macron avait émis l’idée d’un retour de migrants sur leurs territoires contre subsides pour se fixer, le président Macron affine sa stratégie pour contrôler l’invasion de tous “ces Jean Valjean” [un des principaux personnages du roman Les Misérables de Victor Hugo] qui envahissent journalièrement l’Hexagone.

Finies les politiques de l’incapacité de la France à accueillir toute la misère du monde lâchée par Michel Rocard et celui du Père Fouettard partisan d’une immigration restrictive, marquée par les tests ADN, les quotas d’expulsion dont le visage était Brice Hortefeux ? Sans doute car au fond, la gestion du flux migratoire en France n’a jamais varié, même si les méthodes ont différé.
Qu’on parle des odeurs, d’invasion et surtout, actuellement de terrorisme – sauf avec les derniers développements dus aux situations en Syrie, en Irak et en Libye –, théoriquement, en France l’immigration est réduite depuis les années 1980. Macron penche plutôt pour une méthode plus élaborée afin d’avoir des statistiques plus fiables, entre les réfugiés politiques et les paumés économiques.

Néanmoins, l’affaire a de fortes chances de rester dans l’antichambre des déclarations d’intention. Dans les meilleurs des cas, elle traînera juste les savates pendant de longues années avant de connaître une véritable mise en œuvre. En tout cas le quinquennat ne suffira pas. Car, des obstacles, il y en a. La question est de savoir si Macron avait planifié toutes ces bonnes actions. Auquel cas, on peut espérer qu’il a prévu de trouver les euros nécessaires pour actionner une machine qui s’annonce lourde.

Humaniser la vie dans les pays d’origine

Il est vrai surtout que pour stopper l’immigration, il faut combattre les conditions qui la créent. Et si le seuil de tolérance est dépassé depuis des années, c’est que la France n’est pas une race, mais une nation, composée de Blancs, Jaunes, Noirs… Culture, intégration, islamisme, boulot sont des adjuvants. Et c’est dans ce dédale qui fait la France que Macron devra agir tout en évitant les erreurs de ses prédécesseurs qui ont oscillé entre l’immigration en tant que fait dangereux et bienfait. Bernard Stasi l’avait si bien décrit en 1984 dans son ouvrage L’immigration, une chance pour la France.

L’interrogation suivante demeure toutefois de savoir si au final, cette “migration de proximité” limitera l’afflux des migrants. Qu’est-ce que le fait que le sol français vienne chercher les Africains sur leur sol changera leur volonté d’y aller ? Car, au final, ceci est le véritable problème, le fond du problème où est niché le problème de fond : il s’agit moins d’humaniser l’accueil de la France que d’humaniser la vie dans les pays de ceux qui veulent y aller. Il faudrait peut-être aussi penser à mettre cette idée… en marche !
Avec courrierinternational.com

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