Du «tabac» chez Eva Marie Coll Seck

L’exposé des motifs, sur la loi anti-tabac, est un aveu explicite de «non assistance à personne en danger», de la part de l’Etat du Sénégal. Il s’agit de la loi n° 2014-14 du 28 mars 2014 relative à la fabrication, au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’usage du tabac, au Sénégal. Cette nouvelle disposition qui a pour objet de «protéger les populations contre l’exposition à la fumée du tabac» relève les dangers auxquels s’exposent les personnes enfumées ainsi que les effets nocifs de la cigarette. En fait, l’interdiction de fumer, dans les espaces et lieux publics, est adoptée, sur injonction de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à travers la ratification du «protocole relatif au commerce illicite du tabac». Pourtant, le Sénégal, qui a longtemps accordé de très marges manœuvres aux industries du tabac, n’était pas sans savoir le danger mortel lié au tabac.

Notre pays ne s’est, jusque-là, pas préoccupé de cette situation qui a fini par faire des ravages sous nos cieux, en causant plusieurs pertes en vies humaines, dans les rangs des fumeurs. Sans compter les dégâts collatéraux subis par les personnes enfumées.
Le gouvernement, par le canal du ministère de la Santé, s’est conformé aux directives de l’Oms. Au même moment, plusieurs dispositions internationales, déjà ratifiées, attendent d’être incorporées dans le dispositif juridique national. Entré en vigueur depuis le 1er janvier 2015, le règlement n°5 de l’Union économique monétaire ouest africain (UEMOA), sur la présence de l’avocat dès l’interpellation, attend toujours d’être effectif, alors que celui-ci est «d’application immédiate», selon Me Ousmane Thiam, président de l’Association des jeunes avocats du Sénégal (AJAS). Pourtant, le premier règlement de l’UEMOA, sur la «dépénalisation du délit d’émission de chèques sans provision», a été adopté par la Justice et ses démembrements de la Police judiciaire, sans encombre. Le protocole de Maputo, sur la «légalisation de l’avortement médicalisé», suite à une grossesse résultant d’un viol ou d’inceste, a aussi été ratifié, mais pas appliqué au niveau national. Un tel comportement d’Etat-voyou (qui ne respecte pas les lois internationales, selon la définition du Droit international) poussent certains analystes de la chose judiciaire à considérer que «le Sénégal est champion en matière de ratification». Mais, il ne fait preuve d’aucune volonté politique, quant il s’agit d’harmoniser ces lois avec celles nationales. On se rappelle que le Sénégal a été le premier Etat à ratifier le Statut de Rome, portant création de la Cour pénale internationale (Cpi).

La crise du système sanitaire, le trafic illicite de médicaments qui se fait au nez et à la barbe des services de santé publique, les officines clandestines qui défient, en toute impunité, les structures régulières de vente de médicaments, le problème des médicaments de la rue, les appareils en panne dans certains hôpitaux qui exposent des milliers d’enfants à la mort certaine, le problème de l’accueil dans les institutions publiques de santé, les difficultés de la mise en œuvre de la politique sanitaire du gouvernement… sont autant de défis à relever. S’y ajoutent d’autres maux relevés par Dr Mohamed Lamine Ly du SUTSAS, à savoir : la «paralysie du système d’informations sanitaires», les «ressources humaines insuffisantes et mal gérées», le «financement de la santé aux frais des usagers», les «pénuries répétées de médicaments» ainsi que l’«obstacle à l’accès aux soins».
Plusieurs autres lois, déjà votées par l’Assemblée nationale, dorment dans les tiroirs du gouvernement et n’attendent qu’une promulgation et adoption en Conseil des ministres pour que l’application devienne effective. Au moment où la task-force du ministère de la Santé publiait les décrets d’application de la loi anti-tabac, lors d’un face à face avec la presse, mercredi dernier, les services d’Eva Marie Coll Seck laissaient de côté des problèmes de santé publique plus urgents. La liste est longue. Très longue même. Des importations frauduleuses de médicaments dangereux, de la contrebande et de la distribution illégale de médicaments se font au nez et à la barbe du ministère de la Santé. Pire, les auteurs de tels faits utilisent le cachet dudit ministère, en toute impunité. Alors que les autorités sanitaires ne peuvent pas ne pas être au courant de tels agissements, aucune saisine n’a été faite au procureur de la République pour enquête. A la tête de ce réseau de faussaires et de mafieux se trouve une dame dont nous tairons le nom, pour l’instant.

Source: walfnet

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