« Du Haut Conseil des Collectivités locales », Par Abdoulaye Guèye

La création du Haut conseil des collectivités territoriales qui va au-delà des limites et des compétences des collectivités locales, témoigne de l’intérêt que le chef de l’Etat accorde à la politique de déconcentration et de décentralisation.

En effet, l’acte 3 de la décentralisation qui concrétise cette volonté politique aura comme phase 2, la naissance des pôles territoires en fonction de leurs centres d’intérêts économiques.

Aujourd’hui, le débat fait rage au niveau de l’opinion avec parfois des confusions monstres qui font penser que cette institution est exclusivement réservée aux militants des partis politiques. Ce qui n’est pas le cas car le président de la République dispose, en la matière, les prérogatives d’y nommer d’autres citoyens dont les compétences techniques et leurs expériences personnelles peuvent lui conférer une valeur institutionnelle intrinsèque.

C’est la raison pour laquelle et pour ne pas la confondre avec un Sénat bis, le Conseil national de la jeunesse du Sénégal avait proposé au chef de l’Etat, lors de la remise de son rapport sur la reforme des institutions le 09 mars dernier que cette institution soit composée au tiers de ses membres par des jeunes .

Cette jeunesse, de par son dynamisme et son fort potentiel de productivité peut donner une image plus reluisante à ce nouveau cadre d’impulsion de la vie des territoires en favorisant la correction des dysfonctionnements notés dans la bonne marche des collectivités locales.

Mieux , l’évaluation de l’acte 3 de la décentralisation a montré des difficultés persistantes entre les élus locaux et les tenants du commandement territorial comme ce fut le cas dans la présidence de certains conseils d’administration des hôpitaux , réclamée par les présidents de conseils départementaux alors que la loi portant code des collectivités locales y est très muette .

Par exemple à Kaolack, le bras de fer sur cette question entre la Gouvernance et le Conseil départemental, avait obligé le ministre de la Santé et de l’Action sociale 0 sortir un arrêté nommant le médecin chef régional comme président intérimaire du Conseil d’administration en attendant la révision du Code .

Dans le feu de l’actualité, la gendarmerie a fait éviter le pire dans un conflit opposant les élus des mairies de Mbao et de Keur Massar autour d’un lopin de terre à cheval sur les deux territoires.

Les exemples peuvent être multipliés autour de la question des frontières entre les collectivités locales devant être arbitrées par l’Etat central ou ses démembrements.

Au regard de ces difficultés régulièrement charriées par la nouvelle réforme administrative, le Haut conseil des collectivités territorial semble être opportun et utile si toutefois son contenu, sa composition ainsi que son orientation répondent aux besoins spécifiques de la vie des institutions décentralisées.

La valeur d’une démocratie est fortement tributaire de la qualité des acteurs qui l’animent et au-delà de la force des institutions qui l’incarnent.

Abdoulaye Guèye

Responsable politique à Kaolack