« Démissions, exclusions et scissions: La sève nourricière du Pds », Par Elhadj Yvon Mbaye Journaliste-formateur

Pour les amnésiques, les non-avertis et surtout pour cette jeune génération vivant autour de nous, besoin est de retracer les soubresauts récurrents de la vie du parti politique fondé et dirigé par Maître Abdoulaye Wade depuis 1974.

La vie du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) est jalonnée de crises politiques confondues. Cependant, nonobstant un tel tableau, le Pds suit toujours son bon chemin.

De Mtre Doudou Ndoye, Fara Ndiaye à Modou Diagne Fada, en passant par le canal des Puritain Fall, Dame Kébé et autres Jean Paul Dias, Broker Sadji, sans oublier Serigne Diop du Pds/R, Maître Ousmane Ngom de Pls et Idrissa Seck de Rewmi, Maître Abdoulaye est toujours resté le chef inamovible et même indéracinable.

Senghor, Diouf et Collin

Qualifié d’animal politique inégalable dans ses pensées et actes, doublé d’une témérité et d’une imprévisibilité machiavélique énorme comme jamais vue, le pape du Sopi a croisé le fer, pendant plus d’un quart de siècle avec ses adversaires. Qu’ils soient internes ou externes à sa formation politique. Car, à chaque fois que l’opinion publique prédisait une chute ou un tremblement de terre face à une épreuve extrêmement difficile, Wade tirait la tête de l’eau.

Les présidents Senghor, Diouf et leur acolyte Jean Collin ne nous démentiront pas. Eux qui, durant vingt-six (26) ans – 1974/2000 – ont été des signataires incontournables d’une lutte aussi sociale que politico-judiciaire, envers cet opposant dure à cuire.

Ni les emprisonnements, ni la transhumance politique de certains de ses proches collaborateurs et autres militants ne l’ont fait fléchir ou reculer de son objectif. La conquête du pouvoir. A l’an 2000, face à Diouf et son parti socialiste (Ps), ce qui devait arriver, arriva.

Wade et ses soubresauts internes

Que l’on apprécie ou que l’on aime, ou pas du tout alors, les principes et démarches politiques du pionnier de l’idéologie libérale au Sénégal, et de surcroît l’un de ses précurseurs en Afrique, il est louable et judicieux de lui reconnaître cette carte d’identité de grand leader d’opinion. Parmi les défections, démissions, scissions et autres trahisons les plus amères, nous citerons celles de Serigne Diop, de Ousmane Ngom et de son ex-Pm Idrissa Seck.

Chacun des trois suscités eut réussi la prouesse, au moment de tourner le dos à son mentor, d’enrôler dans ses bagages, une meute de citoyens bleus. Combien de fois, les observateurs et analystes ont crû mordicus à l’effondrement du Pds ? Et finalement, il n’en fut rien. Le « magicien » de la politique sénégalaise eut à démontrer, à plusieurs reprises, que rien ne pouvait l’ébranler, l’entraver ou l’arrêter.

Serigne Diop, sponsorisé par Collin, dans une tentative d’alors d’arracher le Pds des mains de Wade, avait pris la poudre d’escampette , après avoir convoqué ce fameux « congrès » ou cette historique assemblée générale, au Cinéma « Magic » des HLM. De cette bataille, il finit par être débouté par une décision de justice. Quant à Ousmane Ngom, lui aussi, s’était fait ridiculiser avec son Parti Libéral Sénégalais (PLS), en allant participer à la chute de Diouf et du Ps à l’an 2000.

Seul Idrissa Seck qui, remercié par ses pairs, a crée son propre parti et continue encore à tenir la route. Tout en se battant sans relâche, se positionnant comme un vrai présidentiable. En quittant le parti démocratique sénégalais, beaucoup de militants de base et même des responsables libéraux avaient jeté leur préférence politique sur Ndamal Cadior.

La rébellion de Modou Diagne Fada

Celui qui a osé et attaqué le roc libéral de notre pays, au moment où des pontes comme Baldé, Pape Diop et Souleymane Ndéné quittaient le Pds, sans tambour ni trompette pour d’autres cieux, se nomme Modou Diagne Fada. Un pur produit du pape du Sopi. Un  » Made in Wade ».

« Autres temps, autres mœurs », avons-nous le droit de dire. Car, Wade se voit cogner par l’agneau qu’il a élevé, devenu bélier. Et pourtant, légitime est la revendication majeure du Président du Groupe parlementaire Libéral. Une restructuration voire un renouvellement de toutes les instances du parti.
A-t-il tord de toucher du doigt une plaie bien protégée par le maître des lieux ? Est-ce une prétention bien mesurée mettant en exergue les exigences et le besoin inaliénable d’un conflit générationnel ? Voilà une situation dont aucune structure et organisation sérieuse, en ces moments de mondialisation, ne devraient se soustraire.

Ce qui pourrait donner tord ou affaiblir Fada et les siens « frondeurs ou rebelles », c’est dans la forme de leurs revendications. « Le linge sale se lave en famille », ont semblé répondre Wade et sa majorité interne, à ces derniers. Qui persistent et signent dans leur position. un clash donc se présente inévitable, surtout quand ces jeunes « frondeurs » sont accusés d’avoir reçu des tunes de l’actuel pouvoir, afin de déstabiliser le Pds.

Nous nous référons à l’histoire politique de ce parti crée, coaché dans tous les sens par un leader, aussi charismatique qu’atypique. Qui a donné tout à cette formation (âme, conscience, temps, richesse etc). C’est pourquoi, Fada et les siens auront à choisir entre deux solutions:
1) Mettre de l’eau dans leur vin, vu une réalpolitik de 41 ans d’existence;
ou
2) S’en aller vers d’autres cieux.
La raison est toute simple : en bien ou en mal, le Pds appartiendra toujours à Wade, jusqu’à son dernier soupir. Évidemment, « Démocratie », quand tu nous tiens! .

Elhadj Yvon Mbaye
Journaliste-formateur
Tel : 77 179 19 38
E-mail : « olympress45@yahoo.fr »

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