« Corruption, lobbys et deals : Le triptyque de notre démocratie », Par Cissé Kane Ndao

Quand j’ai regardé l’élément visuel sur les aveux du doyen Lamine Diack, je me suis dit : « c’est triste et c’est désolant ». Et le tragique de cette histoire réside en le fait contradictoire que ce bonhomme cherche à enrober des pratiques de dopage, de tricheries et de corruption avérées de bon sens patriotique, pour justifier ses petits arrangements amoraux. Il suffit que l’on aille au domicile de son fils parricide Massata Diack pour obtenir le démenti flagrant de l’usage prétendument héroïque fait de cet argent sale de la corruption. Ce monsieur vit comme un nabab avec des ressources qui paraissent illimitées ; et d’ailleurs c’était bien le cas, au vu de l’ampleur de l’épidémie corruptique qui s’était emparée du clan Diack, dont les tentacules se retrouvent aux quatre coins du globe.

Et dans tout ça, c’est mon pays qui est éclaboussé, c’est ma nation qui est salie, c’est notre démocratie qui s’en retrouve bien biaisée ; cela démontre que nous en sommes au 19ème siècle américain, à l’époque des carpets baggers, durant laquelle tout démagogue disposant d’un capital quelconque pouvait intégrer le landernau politique pour se faire élire ou faire élire un petit larbin pressé de retourner l’ascenseur. Ainsi nous avons observé à la faveur de l’arrivée au pouvoir d’un Macky Sall aux 36 véhicules et autres moyens colossaux octroyés gracieusement par des « appuis » le débarquement inopiné de milliardaires financeurs de campagne électorale : Abdoulaye Sally Sall, Harouna Dia, Seydou Kane et j’en passe.

On ne change pas une méthode qui gagne : aujourd’hui qu’on présente notre pays comme l’un des plus attractifs en Afrique, il suffit juste de remarquer que ceux qui investissent chez nous ainsi que les entreprises qui gagnent les marchés sont tous étrangers ; la commande publique nationale échappe aux acteurs économiques locaux, depuis la conception jusqu’à la réalisation, en passant par le financement. Tout est aux mains des étrangers : la Chine qui a réintroduit l’esclavage moderne au Sénégal, et est même en train de bouleverser notre sécurité alimentaire : depuis que les personnes malintentionnées savent qu’il y a une clientèle intéressée par la viande d’âne en effet, ils ont franchi le rubicond et en élargissent la cible, en la proposant clandestinement aux populations sénégalaises.

Il est vrai qu’aucun tabou ne résiste à l’appel de l’argent chez nous. Et que dire des marocains, depuis qu’ils ont payé leur prix d’entrée et invitent de temps en temps Macky et Madame chez eux, ils sont les rois de notre économie ! Aujourd’hui, au Sénégal, tout est à vendre, de notre souveraineté à notre honneur, tout a été effectivement acheté, et notre dignité avec. La démocratie dont nous nous enorgueillissions a un prix : les souteneurs de Macky l’ont payé. C’est normal alors qu’il y ait retour sur investissement. Pour eux. Au détriment de notre peuple. Car on l’aura floué sur toute la ligne.

Du moment que les élections sont financées chez nous avec l’argent de la corruption, Massata ne sera jamais inquiété par la justice internationale ; il ne rendra pas compte. Quitte à ce que notre pays soit mis au ban des nations : un corrompu ne livre jamais un corrompu comme lui, en effet, surtout si le fruit de la corruption aura été rentable pour tous les deux !
Aujourd’hui tous les secteurs productifs de notre pays sont la chasse gardée de puissances étrangères aux pratiques corruptogènes fortement éprouvées et très attractives pour nos nouvelles élites politiques aux ordres : à la Chine les routes, à la Turquie les hôtels et les centres de conférence, au Maroc secteur bancaire et BTP, et à la France autoroute, Télécoms et ports.
Les bénéfices ? C’est pour Macky et son clan. Ils ont même monté une banque pour l’occasion. Que nous reste-t-il à nous autres sénégalais ?

A nous disputer et à nous crier dessus, pour enfoncer davantage les secteurs qui ne marcheront jamais avec Macky, car il n’y a pas de rétro commissions ou de partenariats public-privé avec des commissions à la clé : l’éducation, et la santé. Et d’ailleurs pour cette dernière, c’est bien que les sénégalais crèvent : « la démographie sénégalaise croit de manière galopante » a déclaré Paganon. Il faut la limiter donc ! L’une des preuves de cette corruption réside dans les faramineuses remises gracieuses d’impôts offertes aux grandes sociétés opérant dans les secteurs névralgiques chez nous. Combien en milliards de dessous de table ont-elles versé pour en bénéficier ? On ne paye pas deux fois en effet, et comme les sous entrent dans les poches de ceux qui décident, ceci explique cela.

Et finalement, tout le monde vole : les sociétés de téléphonie auraient ainsi volé 240 milliards de francs aux citoyens sénégalais ! N’en soyons donc pas surpris ; chez nous on a l’habitude de dire que « sou bouki dabé ponkale si aale si dokhine bala » ! A l’Assemblée nationale aussi où le questeur fait partie du retour sur investissement de son frère, tous les députés se fichent de savoir si leur institution est en règle avec notre peuple qu’ils y représentent. Même la justice est à deux vitesses chez nous : condamnés pour enrichissement illicite, KarimWade et Pouye sont au gnouf, Bourgi a été expulsé de son appartement ; pendant ce temps, Tahibou Ndiaye hume l’air de la liberté et se prélasse chez lui, tranquille.

Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R

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