Confidences de Serigne Moustapha Cisssé: Quand Serigne Babacar a demandé à Serigne Cheikh pourquoi il aimait porter des costumes… »

Les témoignages son unanimes sur Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum. Un homme multidimensionnel ont chanté en choeur tous les Sénégalais dans leur majorité. Mais s’il y’a quelqu’un qui était vraiment proche du défunt pour mesurer toute sa dimension élevés c’est bien Serigne Moustapha Cissé.

Le Khalife de Pire, qui s’est ouvert au journal L’Observateur, n’a pas tari d’éloges sur la stature du défunt Khalife, qui fut son compagnon et condisciple au célèbre Daara El Hadji Malick Sy à Tivaouane.

« J’avais 17 ans lorsqu’il a écrit son, premier livre. Il voulait rompre avec la gestion archaïque des Daaras pour former des cadres de l’éducation religieuse, capable de s’intégrer dans la vie productive et de servir la société. Il a toujours été d’une élégance extraordinaire. Il a été le premier homme du Daara de El Hadji Malick Sy à porter un costume européen. A l’époque, certains ne le comprenaient pas. Contrairement à nous qui l’avions toujours suivi. Une fois, Serigne Babacar Sy, ainsi que sa mère ( Sokhna Astou Kane), lui demandent de s’expliquer sur cet habit loin de nos traditions vestimentaires.

Pour se dédouaner, il évoque la prière. Dans l’organisation de celle-ci, disait-il l’alignement des rangées se fait par la juxtaposition des épaules. Il est plus aisé de le faire avec les costumes qu’avec nos boubous traditionnels. On ne se fatigue pas à rehausser ses vêtements et nos mouvements sont plus libres. Serigne Babacar Sy a ordonné qu’on le laisse tranquille avec son habillement. C’est comme ça que nous aussi, avions commencé à porter des costumes. Tout ceci pour dire qu’il a beaucoup participé à ma formation. J’ai toujours religieusement écouté ses conseils », se souvient Serigne Moustapha Cissé.

Ce dernier poursuit en racontant leurs voyages d’études dans les pays arabo-islamiques. C’était dit-il entre 1986 et 1990.

« C’est pendant ces voyages-là que j’ai vraiment connu Serigne Cheikh. Son organisation , son esprit méthodique, la profondeur de ses sciences culturelles, sa modestie surtout. Quand je prenais mon sac, il me disait toujours de le laisser le prendre. Il aimait voir les gens prendre soin de leur mise. Parfois, il me disait de bien peigner mes cheveux, d’ajuster ma cravate. On parlait de tout. Avec lui, pas de sujet tabou. Il avait une pédagogie extraordinaire. Il me racontait beaucoup d’histoires et aimait surtout les gens qui prennent leurs responsabilités », confie-t-il.

« Quand je suis devenu ambassadeur du Sénégal en Egypte, à chaque fois que je venais à Dakar, il m’invitait à déjeuner entre 12 heures 30 et 13 heures. Il avait une maison cachée sur la route de Ouakam. Après le déjeuner, on discutait jusqu’à 17 heures. Et quand je lui ai dit qu’il me fallait un repos, il me disait que s’entretenir avec un homme de Dieu valait mieux qu’une semaine de repos. Il était d’une générosité extraordinaire.

La première fois que je lui ai dit que je me sentais très fatigué et je voulais aller à Keur Aldiana, un hôtel entre Mbour et Joal, il me demanda de lui rendre compte après mon séjour, si c’est bien, que lui aussi s’y rendrai. C’est en 1978. Il entre dans sa chambre, en ressort, me remet un paquet et me dit : Moustaf, amènes ça avec toi. Quand j’ai ouvert le paquet, il contenait 5 millions FCfa », raconte Moustapha Cissé.

Autre scène de vie entre les deux hommes : un séjour à l’hôtel Lafayette au cœur de la Cité parisienne, en France. Le must à l’époque. Serigne Cheikh avait un comportement qui émerveillait le personnel de l’hôtel. Certains se demandaient s’il passait la nuit à l’hôtel.  » Mais, Monsieur Sy, il n’y a pas de désordre dans la chambre. A chaque fois qu’on y va pour nettoyer, tout est rangé. On se demande s’il passait la nuit », raconte-t-il.

Amadou Lamine Mbaye

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