Attentats de Téhéran : « L’Iran est le seul pays dans la région dont l’armée combat l’EI »

Avant le double attentat mené mercredi à Téhéran par le groupe État islamique, l’Iran faisait l’objet de menaces de la part de l’organisation jihadiste, que Téhéran combat militairement sur plusieurs fronts.

Des hommes armés et des kamikazes ont simultanément attaqué, mercredi 7 juin, le Parlement et le mausolée de l’imam Khomeini à Téhéran. Treize personnes ont été tuées lors de ces deux attentats revendiqués par le groupe État islamique (EI). Selon le ministère des Renseignements, un autre groupe de « terroristes » a été neutralisé dans la capitale iranienne avant de pouvoir passer à l’action.

Ni le guide suprême d’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, ni le président Hassan Rohani, n’avaient réagi en fin d’après-midi à ces attaques menées contre des lieux hautement symboliques. « Deux lieux qui montrent que ce sont les institutions de la République islamique d’Iran qui étaient clairement visées« , observe, sur France 24, Thierry Coville, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

De fait, c’est la première fois que l’organisation jihadiste sunnite revendique des attentats en Iran. « La République islamique fait toutefois régulièrement l’objet de menaces de la part de l’EI« , rappelle Mariam Pirzadeh, correspondante de France 24 à Téhéran. En mars, l’EI avait ainsi menacé l’Iran dans une vidéo en persan, ce qui était une première. » Le groupe y affirmait qu’il allait « conquérir l’Iran et le rendre à la nation musulmane sunnite », et provoquer un bain de sang chez les chiites.

« L’IRAN EST LE SEUL PAYS DE LA RÉGION DONT L’ARMÉE LUTTE CONTRE L’EI »

Mais si ces dernières années, certaines régions proches des frontières avec l’Irak, l’Afghanistan et le Pakistan ont été ciblées par des groupes armés, les grands centres urbains avaient jusqu’alors été épargnés. « Les Iraniens sont sous le choc car cela faisait plus de 30 ans que Téhéran n’avait pas été touchée par une attaque venant de l’étranger, indique notre correspondante. Certes, depuis plusieurs mois, les autorités annoncent régulièrement que des cellules terroristes sunnites ont été démantelées. Elles avaient également annoncé qu’un attentat dans le métro de Téhéran avait été déjoué. »

« Il y a une vraie peur de la population iranienne »

Si l’Iran est aujourd’hui attaqué, ce n’est pas seulement parce qu’il est à 90 % chiite. « Il faut rappeler que, contrairement à l’Arabie saoudite, l’Iran est le seul pays dans la région dont l’armée lutte contre l’EI« , affirme Thierry Coville. Le pays est engagé militairement en Syrie, aux côtés de Bachar al-Assad, contre les groupes rebelles et jihadistes, dont l’EI mais aussi Al-Nosra, branche d’Al-Qaïda. Téhéran aide également militairement l’Irak dans sa lutte contre l’organisation d’Al-Baghdadi. « Peut-être faut-il le rappeler à Donald Trump (qui souhaite l’isolement de l’Iran dans la région) : lorsque le groupe État islamique a commencé à envahir Mossoul et le nord de l’Irak, l’Iran est intervenu en catastrophe pour porter secours à l’Irak« , poursuit le chercheur.

Pour Thierry Coville, les deux attaques menées mercredi par l’EI devraient ainsi renforcer la conviction de Téhéran de combattre militairement l’organisation. « Il y a une vraie peur de la population iranienne face à la menace de l’EI et son idéologie anti-chiite. C’est très clair pour les Iraniens : ils savent que si l’EI prend vraiment pied dans un pays de la région, cela entraînera de plus fortes tensions entre les chiites et les sunnites. En clair, ce serait une catastrophe. » Et de rappeler : « Il y a quelques mois, l’ayatollah Khamenei a fait un discours dans lequel il disait que l’Iran se battait contre l’EI en Syrie et en Irak pour ne pas devoir se battre contre lui sur son territoire. »

Avec France24

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